Un simple mot fait parfois plus mal qu'un coup de poing. Cette simple phrase pourrait illustrer l'idée majeure proposée par Marc Klein lorsqu'il dit : « Qu'est-ce donc que met en jeu cette pseudo-comédie ? "Presque rien", en effet : rien de plus que les rapports du sujet au discours. Point de bâton, point de poignard : mais des coups de langage. Dans Le Misanthrope, il ne s'agit jamais de ce qui se dit (ou s'écrit)... / On ne saurait contester que le maître mot de la pièce - son moteur véritable - tient en une injonction : le "vous vous déclarerez" d'Alceste à Célimène (...)
[...] Comme nous avons pu le voir, cette pièce de Molière est une véritable comédie mais qui vise plus haut grâce à ses beaux vers et sa rhétorique sensiblement bien choisie. Molière, par Alceste, dénonce plus haut et plus fort les mœurs de son temps, et ceci est mieux reçu grâce à sa maîtrise de la langue française et le jeu auquel il joue sur cette dernière. [...]
[...] Ces usages de cette rhétorique ont des effets certains eux aussi. La parole d'Alceste devient action dans le sens où ce qui s'en répercute est égal à un coup de poignard asséné par le Misanthrope. Les deux exemples vus plus sont remarquables : Sans qu'il y ait injure ou coups, la réaction d'Oronte en est égale. Alceste devra s'expliquer devant la justice de l'outrage qu'il vient de commettre vis à vis d'Oronte. Alceste a opéré un réel affront envers Oronte en comparant son sonnet à une vulgaire chanson. [...]
[...] Marc Klein, par cette remarque oppose la Comédie, dans son sens moderne pièce de théâtre destinée à divertir en représentant les travers d'une société et l'absence d'action physique que l'on remarque aisément dans le Misanthrope de Molière. Il oppose la farce à la rhétorique. Il nous montre aussi que l'action de cette pièce repose sur une phrase appelant une réponse, et non comme il est naturel dans une comédie, sur l'action, les méfaits d'un personnage sur un autre. Marc Klein nous propose le Misanthrope comme une pièce de style langagier. [...]
[...] En quatre vers Molière fait ressortir l'action de la pièce et la même à bout. Cette phrase n'est point formée au hasard : le dramaturge emploi ici un futur, il n'emploie ni une volonté, ni un souhait. Ceci appartient à la rhétorique du Misanthrope : ce dernier maîtrise complètement ses mots, et ne les emploie pas au hasard. Si cette phrase n'avait été une injonction, elle n'aurait été le moteur véritable de la pièce, elle la pièce ne reposerait sur rien. [...]
[...] Puis on s'attachera à démontrer par quels procédés la parole devient action. Aussi tenterons-nous dans une troisième partie de montrer que le Misanthrope reste une comédie dans la mise en jeu des rapports du sujet au discours. L'action dans cette comédie ne revêt pas une importance particulière. Il n'y a pas d'action physique décrite dans les didascalies, ou soupçonnée dans les paroles des personnages. Les seules scènes d'action se passent hors scène quand par exemple Alceste découvre les différentes lettres écrites par Célimène. [...]
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