Mémoire de Master 1 sur l'imaginaire du miroir : son histoire et ses représentations dans la littérature du Moyen Age et les contes du XIXème siècle. L'enjeu de ce travail est de démontrer comment le miroir, cet objet étrange qui habite nos intérieurs, s'est-il vu conférer le rôle d'instrument maléfique dans l'imaginaire littéraire ?
[...] Les set planestres devisoit[37]. Mais elle est aussi connue de Merlin l'enchanteur qui, dans le roman que lui consacre Robert de Boron, est capable de rendre des prophéties aux hommes après avoir consulté les astres. Et si les devins nous intéressent tant, c'est parce qu'ils sont parmi les premiers à avoir fait du miroir un instrument magique. Nous allons donc nous arrêter quelques temps sur le rôle qu'ils occupaient dans l'espace social de l'Antiquité et du Moyen Age, et celui qu'ils jouèrent par la suite dans l'avènement des premiers miroirs magiques La catoptromancie ou la naissance des miroirs magiques Dans l'Antiquité, les devins étaient appelés augures et ils étaient les interprètes des dieux comme Jupiter qui permettaient à l'homme de percevoir les approbations, les mises en garde ou les refus de la volonté céleste. [...]
[...] Car le miroir est le lieu de toutes les illusions et c'est ce en quoi il se rapproche encore du Diable qui en est le maître. Une illustration de cette dernière affirmation pourrait être visible dans un roman du Moyen Age intitulé Perceforest, où un enchanteur du nom d'Averroès qui est une figure de l'antéchrist, se fait fort d'ensorceler un public qu'il convie sur son île en le manipulant par des illusions produites au moyen d'un miroir. Démasqué par le jeune Gadifer à la fin de l'ouvrage, ce dernier se verra significativement emmené en enfer par les diables. [...]
[...] L'on y apprend que jadis, le miroir représentait le seul moyen d'entrer en communication avec Dieu. Mais avec le mouvement de christianisation mis en place au Moyen Age, sa symbolique va radicalement changer, et le miroir deviendra diabolique. A tel point que certains récits de l'époque racontent qu'il aurait joué un rôle déterminant lors de l'épisode de la tentation biblique. Aujourd'hui encore, il n'est pas rare qu'on le retrouve associé à la pomme qui fut elle aussi victime de ce même processus de diabolisation. [...]
[...] OLIVIÉRI et R. SCTRICK. Dictionnaire des symboles et des thèmes littéraires. Paris : Nathan 203 p. COLIN, Didier. Le dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes. Paris : Hachette 511 p. CHEVALIER, Jean et Alain GHEERBRANT. Dictionnaire des symboles : mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres. Paris : Robert Laffont, GODEFROY, Frédéric. [...]
[...] Reprenant les observations de Mirami et de Cési, Jurgis Baltrusaïtis remarque ainsi qu' en hébreu, le miroir et la vision sont désignés par le même mot[189]». Gérard Simon qui a travaillé à une étude similaire constate alors que de même, opsis, la vue, désigne à la fois l'aspect de ce qu'on voit, le fait de voir, l'organe de la vision et le spectre d'un mort ou l'apparition d'un dieu qui se donne à voir Ainsi, si vision et miroir s'associent, miroir et mort vont également de pair. [...]
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