Pierre Michon, Passage de "Vie du père Foucault", "Vies minuscules" (Un matin je fus arraché à ma lecture par l'entrée...)

Résumé du document

Commentaire composé d'un passage de "Vie du père Foucault", "Vies minuscules" de Pierre Michon.

Extraits

[...] Vient ensuite l'image des tentateurs de Saint-Antoine (l,17-20) où l'auteur note leur pouvoir de séduction par le biais d'une intervention* : sans doute ils étaient bien près de l'émouvoir, sinon de le convaincre Les images de tentation sont présentées dans une accumulation où apparaissent les dons de richesse, de santé, d'intelligence. Le ton employé est satirique, comme le confirme l'expression ces tentateurs où le démonstratif revêt une connotation péjorative. Enfin l'image militaire est reprise à travers la comparaison du médecin- chef avec un condottiere (chef de guerre). [...]

[...] Le dernier paragraphe accentue cette prise de position, puisque les lignes 30 à 33 expliquent bien le lien du biographe avec le personnage dont il parle : le narrateur se sent proche du père Foucault, au point de parier d'un sentiment infiniment fraternel où l'adverbe renforce la valeur de l'adjectif et où l'assonance en i de la séquence fait ressortir l'expression. La fraternité vient d'une impression similaire d'ignorance - quelqu'un comme moi peut-être, pensait quant à lui ne rien savoir - qui conduit au désir d'en finir. [...]

[...] Elles soulignent aussi que l'affrontement est inégal : le père Foucault est seul face à ce groupe, dont la puissance est renforcée par les chemises blanches qui leur confèrent un pouvoir symbolique effrayant. Se dégage une tonalité satirique : le corps médical est présenté comme envahissant, prétentieux et exerçant un pouvoir abusif sur le malade. Un Saint-Antoine de l'illettrisme : - La première image qui est donnée du père Foucault I.7-9 est celle de l'humilité : les brèves séquences le père Foucault . [...]

[...] - Mais au-delà de cette humilité, l'attitude du patient - était assis à sa place favorite le soleil . inondait son crâne et sa bouche close - conduit le biographe à songer à un 2eme tableau, le Philosophe en méditation de Rembrandt, où il imagine une transposition des docteurs sur cette toile : cette nouvelle comparaison permet d'insister sur l'autonomie de pensée de l'homme face au pouvoir de persuasion des détenteurs du Savoir. Il possède la liberté intérieure du philosophe. [...]

[...] On peut entendre minuscules dans plusieurs sens : vies très brièvement racontées (les huit vies du recueil font entre 10 et 40 pages chacune) ; vies d'hommes non pas illustres, mais au contraire, très humbles, comme celle du père Foucault qui se sent si petit qu'il préfère se laisser mourir (cf. citation d'André Suarés donnée en exergue de l'ouvrage : par malheur, il croit que les petites gens sont plus réelles que les autres ; vies enfin fragmentaires et partielles dont le biographe tente de combler les lacunes ou d'expliquer les énigmes. Une scène satirique : D'emblée, l'arrivée des médecins est présentée comme une rupture par rapport au calme ambiant : l'emploi de je fus arraché atteste cette irruption soudaine qui dérange le narrateur. [...]