Commentaire sur le poème « Mélancholia », de Victor Hugo (1856).
[...] Pour parvenir à ses fins, c'est-à-dire à persuader le lecteur d'adhérer à sa thèse, le poète n'hésite pas à recourir à la prière, à Dieu et au lecteur, ainsi qu'à la compassion du lecteur pour ses enfants présentés comme des victimes des hommes et du travail. Il s'engage donc une fois de plus dans la politique avec ce poème au registre pathétique. Mais ce poème a-t-il réussi à faire changer les mœurs de son époque en faisant cesser le travail des enfants ? [...]
[...] Commentaire du poème Mélancholia, Victor Hugo Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? 115 Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. [...]
[...] La machine et l'homme ne s'associent pas. L'homme invente la machine, la machine prend la place de l'homme. En effet, la machine prend vie, sous l'apparence d'un monstre, comme l'atteste la métaphore aux vers 119-120 Accroupis sous les dents d'une machine sombre, monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre L'homme prend quant à lui la place de la machine comme l'indique Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil ! (v.137). La machine est comme tout droit sortit de l'enfer, suggéré par le nom enfer (v.121) et renforcé par les mots sombre (v.119) et ombre (v.120). [...]
[...] L'anaphore Tout est d'airain, tout est de fer (v.122) montre la dureté du travail. Le travail est comparé, à l'aide d'une gradation ascendante, à une prison (v.118), puis à un bagne (v.121) et pour finir à un enfer (v.121). Les conséquences sur les enfants sont graves. Ils sont malades, chétifs mis en évidence par Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit (v.114), quelle pâleur ! (v.124), sales indiqué par La cendre est sur leur joue (v.124) et fatigués, épuisés manifesté par ils sont déjà bien las (v.125). [...]
[...] Ce poème est une prière. Une prière que Victor Hugo fait explicitement à Dieu, mais qu'il fait implicitement au peuple pour que celui-ci le soutienne dans sa lutte contre le travail des enfants. Le thème de la religion est en effet omniprésent dans le poème, à l'aide d'un champ lexical religieux : anges (v.121), enfer (v.121), Dieu 144). C'est une prière pour les enfants, ceux-ci sont dits anges (v.121) et contre le travail, celui-ci est dit enfer (v.121) le tout à l'aide d'une antithèse des deux noms anges dans un enfer (v.121), pour renforcer l'idée que les enfants et le travail ne peuvent s'associer. [...]
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