Commentaire du poème Le lac extrait du recueil des Méditations poétiques de Lamartine
Le poème est lié à des circonstances précises, Lamartine isolant un moment de son existence qui a eu une importance considérable, composant un poème pour que ce moment ne soit pas oublié, employant une prosodie stricte pour que ceux qui répèteraient ce poème ne le transforment pas, ne le déforment pas.
[...] Le poème se termine sur un vers à la fois court et puissant. Le mot résume en lui la strophe entière laquelle il est placé en apposition. L'impératif annoncé par les qui commencent les trois premiers vers est rejeté au quatrième vers et y prend toute sa force, force qu'il transmet à son tour aux trois derniers mots du poème : «Ils ont aimé». La simplicité de la courte phrase, l'anonymat éloquent de son sujet, son rejet en fin de strophe, concourent à souligner la puissance de cette litote. [...]
[...] Cette pierre existe : elle constitue même ce qu'on appelle le Site Lamartine, près du Bourget. À la troisième strophe, la répétition d'«ainsi» n'est pas une maladresse : c'est une insistance sur le fait que le décor n'a pas changé, que le paysage a un caractère immuable, ce qui fait d'autant plus souffrir le poète dont le paysage intérieur n'est plus le même : heureux devant ce même lac, il est aujourd'hui malheureux. Le lac «mugissais» : il est vu comme une sorte d'immense animal, le contraste étant alors d'autant plus fort avec cette amante idéale, cet être littéralement divinisé dont ne peuvent être évoqués que les «pieds» qui sont «adorés», qui ne reçoivent que de l'écume, par quelque analogie avec les pieds de la Vierge Marie repoussant le serpent. [...]
[...] L'image auditive se fond en une image olfactive. Ces deux images qui font partie du décor du lac évoquent aussi Julie, la femme dont le souvenir gracieux flotte ici comme un parfum léger et dont nous avons entendu la voix plaintive se mêler à celle du lac. Dans le troisième vers, passant des aspects particuliers du lac aux sens qui permettent à l'être humain d'établir un rapport entre lui et ce qui l'entoure, le poète étend sa prière à la nature entière qui va conspirer activement avec lui. [...]
[...] Le mélange suscite un paysage typiquement romantique, cadre idéal d'un amour romantique. Alors que dans les deux strophes précédentes le poète s'était attaché à peindre le lac, à nous le rendre présent par la vue, dans la troisième strophe, il nous fait sentir la douceur et la chaleur du «zéphyr» (mot de la langue classique qui désigne un vent doux et agréable, une brise légère) en même temps qu'il nous fait entendre le bruit du vent et des eaux. Le «zéphyr» passager «frémit» comme s'il était doué lui aussi des sentiments humains que Lamartine prête à la nature. [...]
[...] La douceur de l'amour est rendue par la liquidité des consonnes. la même vitesse», survivance classique, se dirait aujourd‘hui la même vitesse». À la onzième strophe, le poète prend un ton véhément pour protester contre l'injustice du temps. Les «jours» (mot qui apparaît seulement au vers 46) sont en effet «passés pour jamais», «perdus» dans un vers fortement coupé, marqué d'interpellations, de questions elliptiques, de répétitions, de sonorités dures (retour de de de puis dans un vers donnt les deux hémistiches sont construits de la même façon pour mieux opposer à la fin des mots antithétiques, des verbes à des temps différents, passé présent pour aboutir à une chute qui correspond au désespoir rendu dans le dernier vers dont le verbe est au futur. [...]
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