Commentaire du poème L'isolement extrait du recueil des Méditations poétiques de Lamartine
Le choc douloureux de la mort d'Elvire a inspiré à Lamartine ses plus beaux poèmes : on cite toujours ?Le lac?, on cite moins souvent ?L'isolement?. Pourtant l'inspiration est bien la même : le poète, retiré à Milly, chantait la femme aimée, qui était morte depuis huit mois, constatait que, sans elle, «tout est dépeuplé» (ce qui est tout à fait contestable et que n'a pas manqué de contester Giraudoux dans ?La guerre de Troie n'aura pas lieu? : «Un seul être vous manque et tout est repeuplé»), se déclarait désormais indifférent aux beautés de la nature.
[...] Dans la deuxième strophe, l'alternative du vers 29 est relancée par les deux alternatives imbriquées l'une dans l'autre du vers 31 et la répétition des Les oppositions sont présentatées d'une façon plate et sans relief et toute liaison, même coordonnante, entre les propositions est absente. La redondance voulue de l'idée est obtenue par la répétition à peine modifiée du même mouvement phrastique pour les vers 29 et 30 et pour les vers 31 et 32. Lamartine en est arrivé au point zéro de la sentimentalité. Alors s'annonce la remontée. La neuvième strophe reste encore dans la désespérance, mais la passivité s'y atténue déjà. [...]
[...] au vers 32, se trouvait encore placé sous l'accent plus fort du deuxième hémistiche. dans les vers 35 et 36, se dilue, malgré le ton de révolte assez net, dans lenteur du long complément qui le suit les deux fois et qui couvre toute une moitié de l'alexandrin, en baisse de ton. Au vrai, ce rien redoublé représente la dernière expression qui relève de la désespérance. «Mais peut-être», au début de la onzième strophe, fait basculer vers l'espoir. Immédiatement, le ton change. [...]
[...] Il «aspire» à la mort en revenant ainsi au monde, au monde d'ici-bas. Mais il ne s'agit plus, cette fois-ci, que d'un lieu de passage d'où il faut absolument s'arracher. Les «orageux aquilons», pleins du souvenir de Chateaubriand, ne lui servent plus que doux passage pour l'introduire au partage qui le rendra à jamais heureux». Non plus même pour l'introduire, mais pour l'emporter. Comme dans “L'immortalité”, Lamartine a trouvé ici les accents de l'espoir par-delà le malheur : te salue, ô Mort, libérateur céleste ! Tu délivres . [...]
[...] Posément, calmement, Lamartine refuse toute consolation. Le monde pour lui est vide, il est (v. 26). Son œil reste «indifférent» au tableau qu'il lui offre ; et ce qui fait la joie de tous, le soleil, n'a pour lui aucune importance et ne l'émeut même pas : il ne lui «importe» pas. Et la conclusion partielle de ce passage contient enfin le grand mot attendu depuis le début de ces deux strophes, préparé par tout ce qu'elles contiennent, c'est «rien». [...]
[...] Avec des accents comparables à ceux de Polyeucte dans les “Stances” mais plus déistes que chrétiens, le poète reprend en somme le thème de Corneille : «Saintes douceurs du ciel, adorables idées» et, sur terre, ne conçoit plus rien qui le puisse émouvoir». L'objet sur lequel porte son refus ne change pas ; il a simplement dépassé le terrestre séjour, transcendé le temps et l'espace. Cette dépouille dont il s'occupait uniquement, cette terre qui est terre d'exil et vallée de larmes, il la renie en quelque sorte : n'est rien de commun entre la terre et aux vers 32 et 36 qui clôturaient les deux premières strophes. À répond dans un autre registre et sur un autre plan de pensée. [...]
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