Quelles sont les raisons qui expliquent l'attrait qu'exercent les personnages odieux ?

Résumé du document

Pourtant, aussi infâme que ces personnages puissent être, on ne peut omettre le fait qu'ils créent une évidente curiosité pour le moins attractive : l'étude intéressée du mal ne parvient-elle pas à combler un certain appétit d'avidité sur une opinion plus personnelle de l'homme et sa vision du monde, dépassant l'instruction civique de bienséance banale et machinale ? En effet, le malin, thème inhabituel pour ses « conséquences » antimorales constitue une invitation à une observation distrayante du vice, à des buts « thérapeutiques » : la catharsis.

À quoi rattacher l'attrait particulier ressenti pour les personnages de nature odieuse d'une oeuvre cinématographique ou littéraire ? (...)

Extraits

[...] Quelles sont, selon vous, les raisons qui expliquent l'attrait qu'exercent ces personnages odieux ? Que ce soit dans la culture cinématographique ou littéraire, nous retrouvons habituellement un affrontement manichéen entre un héros vertueux, concentrant une certaine idéalisation du bien, et un antagoniste odieux, éhonté pour ses ambitions subversives et misanthropiques. De la Bible aux Rougon-Macquart de Zola et aux comédies de Molière, en passant par les mythes égyptiens et grecs, on se permet d'observer une opposition indubitable qui dépasse les frontières du genre : Dieu et Satan depuis la nuit des temps, la vengeance de son père par Horus contre Seth incarnation du chaos, les Olympiens contre les Titans lors de la Titanomachie, Dom Juan l'infâme séducteur et le Pauvre pieux croyant, Coupeau le zingueur aux bonnes mœurs et Lantier le chapelier, vagabond immorale des cœurs dans l'Assommoir . [...]

[...] On se rend compte dès sa chute, que ses intentions bien que sauvages, n'étaient pas aussi maléfiques, et étaient indispensables pour la victoire du Bien. George Lucas a mit dans ce personnage une précision (armure synonyme de carapace mental) frappante et lui a conféré une psychologie déroutante, nouvelle, de celle du personnage vertueux. Le vilain de l'histoire est avant tout une personnalité délicate et qui cache une victime de la vie. Nous retrouvons cette situation dans le personnage de Paule Meulière, dans le roman Le Sagouin écrit par François Mauriac. [...]

[...] Que cela soit dans le mythe où le récit médiéval, on retrouve le rôle de l'espiègle, qui fascinent par son astuce déconcertante. Autre personnage odieux, nous pouvons inclure Christa dans Antéchrista, roman écrit par Amélie Nothomb. La belle Christa, symbole de perfection apparente, révèle être en réalité d'une perversité incroyable, usant de finesse pour réussir à persuader son entourage. Elle agit comme un personnage primordial, mais de second plan (l'héroïne étant la victime, et par conséquent, focalisation intérieure). Ainsi, on ne sait les véritables intentions de Christa, attirant toute notre curiosité. [...]

[...] En plus de son importance capitale dans la narration, il permet aussi d'apporter une certaine vivacité au roman : se voulant reflet des vices et de l'immoralité humaine, le personnage odieux confère une certaine réalité anthropienne à l'histoire. Mais l'antagoniste ne fascine pas uniquement par sa malice phénoménale : il fait d'autant plus preuve d'un certain raffinement et d'un effet travaillé. Son opposition avec l'héros donne un effet de psychologie mystérieuse. Le personnage odieux est impénétrable, et lorsque certaines de ses pensées sont révélées, il attire toute notre curiosité face à notre incompréhension. [...]

[...] Puni par ses crimes, il représente l'incarnation du mal humain et se veut comme le résultat des mauvais actes commis. Bien que les héros d'une œuvre cinématographique ou littéraire finissent pour la plupart du temps par triompher, qu'ils représentent la vertu et la bonté, leurs opposés, l'antagoniste, est parfois plus attrayant que celui- ci : personnage charmeur, curieux ou odieux, il ose dépasser les limites de la décence pour pouvoir nous surprendre. Révélant une histoire remplie de bouleversements et de blessures, il permet d'apporter une part d'humanité au récit. [...]