Thérèse continue à se remémorer dans le train ce qui a précédé le drame. Ayant vite compris l'échec de son mariage à cause de la médiocrité et du conformisme de Bernard, par jalousie Thérèse a aidé à briser la relation entre son amie et belle-soeur Anne et Jean Azévédo, jeune provincial monté à Paris. La rencontre avec ce personnage est pour l'héroïne l'occasion d'une prise de conscience de l'enfermement de sa vie, qui la rend indifférente à sa maternité et aux premiers malaises de Bernard, dans les chapitres IV à VI. Au milieu du chapitre VII, Thérèse oppose ses conversations entre elle et Jean à la vie qu'elle mène auprès de son époux (...)
[...] Thérèse est en train de se parler, en reconstruisant le passé. L'omniprésence de la 1ère personne et les temps du passé continuent de faire participer le lecteur à l'exploration du souvenir de l'héroïne. L'imparfait rend tout à fait étale et homogène cette relecture du passé : il n'y a guère d'antériorité exprimée (pas de plus-que-parfait, seul un passé antérieur eus quitté Pourtant dans ce fondu le lecteur ne saisit pas seulement le passé des événements une conversation ponctuelle avec Jean, et la répétition des mêmes soirées avec Bernard). [...]
[...] L'omniscience dans l'analepse reste limitée et inférieure à celle du narrateur. - Articulation des temps : Tout ce passé n'empêche pas le présent de réapparaître : c'est bien vers le présent que va Thérèse, avec ce train. Les retrouvailles avec Bernard sont comme des trouées dans le discours, avec des parenthèses au système du présent : on trouve le futur simple faudra-t-il dans la première, le présent et l'énonciation dans le paragraphe 3 : J'ignore encore aujourd'hui et ce même présent mêlé à la vérité générale à la fin du 2ème : nous croyons entendre Au début du même paragraphe, c'est sans parenthèses que la pensée de Bernard survient. [...]
[...] La conversation est visiblement menée par Jean, dont on peut souligner les tournures de phrases didactiques, voire dogmatiques : il commence par des infinitifs, il définit, il utilise des maximes générales : il n'y a pas pire que il n'est pas de héros ni de saint qui ne infinitif S'accepter + cela Nier, prétendre expriment une prise de position d'autorité. Le connecteur logique c'est pourquoi souligne lui une démonstration. Les négations sont importantes dans le discours restitué de Jean : il tend à corriger les idées admises par l'autre, et à mettre en place des obligations : Il faut cela oblige L'imparfait a aussi une valeur itérative, qui donne une force à des paroles insistantes. Il est clair qu'il prend la position de celui qui sait. [...]
[...] Le silence d'Argelouse est exprimé comme quelque chose de connu, de fameux, parce qu'il est redoutable, et il est intimement lié à un lieu, comme Bernard et son patois - Thérèse : Dans le souvenir qu'elle a de ses rapports avec les deux hommes, Thérèse paraît bien seule. En occupant presque tout l'espace de la parole, Jean lui refuse une place (qu'elle n'a pas insisté pour avoir) de véritable interlocutrice, et Bernard, à la conversation néante, empêche tout dialogue. Ainsi, Thérèse n'apparaît-elle que lors d'une affirmation en début de 1er paragraphe. [...]
[...] Il s'inclut d'ailleurs parmi les meilleurs Ses interrogations, qui sont en fait surtout des certitudes, apparaissent dès lors mensongères Thérèse a été trompée. Dans l'évocation de la vie avec Bernard, Thérèse est tout à fait absente ; elle s'efface. Elle n'apparaît que pour une perception : elle n'entend pas respirer son mari. Toutefois, le qualificatif reconquis indique une lucidité de la part de Thérèse, pour qui les petites joies de Bernard sont dérisoires : l'appétit semble avoir été pour lui l'objet d'une lutte, et la victoire considérée comme un exploit. [...]
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