Conforme à la mission du roman naturaliste, le début de l'incipit a décrit le personnage central, Georges Duroy, sortant d'un restaurant et marchant sur un boulevard parisien, un soir d'été étouffant (28 juin) dans les années 1880. Employé au bureau des chemins de fer du nord, il veut se rendre sur l'avenue des Champs-Élysées et au bois de Boulogne afin d'y faire une rencontre amoureuse.
Cet extrait permet de le suivre, marchant dans la foule, tenu par une soif qui lui rappelle ses difficultés pécuniaires (...)
[...] Il admire leur oisiveté, leur plaisir et leur satisfaction du paraître : Et il regardait tous ces hommes attablés et buvant, tous ces hommes qui pouvaient se désaltérer tant qu'il leur plaisait (lignes 13-14). Son attrait pour le café est abondamment justifié par les nombreuses références à la chaleur et à la soif : accablé par la chaleur (lignes l'envie de boire lui séchait la gorge (ligne Une soif chaude, une soif de soir d'été le tenait (ligne la sensation délicieuse des boissons froides (lignes 8-9). [...]
[...] Maupassant insiste sur : - sa brutalité et ses pulsions à l'égard des consommateurs : une colère l'envahissait contre ces gens assis et tranquilles (ligne 17). Cette férocité se transforme même en haine dans la dernière phrase : par vengeance, il imagine de tuer (S'il avait pu en tenir un au coin d'une rue, dans l'ombre bien noire, il lui aurait tordu le cou, ma foi, sans scrupule, comme il faisait aux volailles des paysans, aux jours de grandes manœuvres.) Sans scrupule (ligne il semble prêt à tout pour parvenir à ses fins. [...]
[...] T E X T E Il tourna vers la Madeleine et suivit le flot de la foule qui coulait accablé par la chaleur. Les grands cafés, pleins de monde, débordaient sur le trottoir, étalant leur public de buveurs sous la lumière éclatante et crue de leur devanture illuminée. Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, les verres contenaient des liquides rouges jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances ; et dans l'intérieur des carafes on voyait briller les gros cylindres transparents de glace qui refroidissaient la belle eau claire. [...]
[...] L'allure de Georges Duroy - C'est un portrait en mouvement mis en valeur par de nombreux verbes d'action : Il tourna et suivit (ligne avait ralenti (ligne Il allait (ligne 14). - C'est un personnage qui se remarque, ainsi que le suggère l'expression d'un air crâne et gaillard (ligne 15). Les adjectifs révèlent le dédain (crâne) et la certitude (gaillard) du personnage, d'autant qu'ils sont confirmés juste après par il jugeait d'un coup d'œil. - Enfin, c'est un séducteur, comportement que l'auteur traduit ironiquement par tout en se dandinant avec grâce (ligne 20). Son caractère Il contraste avec son allure. [...]
[...] En moyenne, chacun devait avoir au moins deux louis ; ils étaient bien une centaine au café ; cent fois deux louis font 20 quatre mille francs ! Il murmurait : Les cochons ! tout en se dandinant avec grâce. S'il avait pu en tenir un au coin d'une rue, dans l'ombre bien noire, il lui aurait tordu le cou, ma foi, sans scrupule, comme il faisait aux volailles des paysans, aux jours de grandes manœuvres. Guy de Maupassant, Bel-Ami, Ie partie, chapitre I (extrait 2). [...]
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