Le dix-huitième siècle est le siècle des expérimentations et des questionnements. On s'interroge sur l'essence de l'être humain. Marivaux a su renouveler le théâtre en prenant en compte les attentes de son siècle. Il semble tout à la fois être un digne héritier du théâtre classique et un précurseur du théâtre moderne. Il donne à ses pièces une tonalité novatrice grâce à des personnages caractérisés par une épaisseur psychologique. En effet, tout comme les hommes, ses personnages sont dépendants les uns des autres et ne peuvent évoluer que grâce aux différents liens qui les relient (...)
[...] Bien évidemment, la vue d'autres hommes va rompre le pacte des amants respectifs. Mais pour les jeunes filles, c'est l'amour-propre et la jalousie qui vont déclencher la rupture alors que les hommes vont tout simplement être séduits par les atouts féminins de l'une et de l'autre. Dans La Surprise de l'amour, La Comtesse cherche à éprouver Lélio en refusant de le voir et en haïssant les hommes. Lélio quant à lui déteste les femmes et dénonce leur perfidie. L'un comme l'autre se trouve outré et blessé par les propos respectifs de chacun. [...]
[...] Enfin dans La Double Inconstance, l'épreuve repose sur le fait d'accepter de quitter son premier amour pour qu'un second plus mature et réfléchi aboutisse. Finalement l'épreuve débute dès qu'il y a rencontre. Dans toutes ces pièces Marivaux associe le premier regard à la naissance de l'amour, dès qu'ils se voient les personnages tombent amoureux. On ne peut alors dissocier l'épreuve de l'amour et de la surprise puisque l'amour naît par surprise et ainsi éprouve les personnages dès qu'ils se rencontrent. En effet, chez Marivaux, l'amour surgit comme un coup de foudre. [...]
[...] Le dix-huitième siècle est celui des remises en question et de l'expérimentation : c'est bien ce qu'il nous propose à travers ses trois pièces. Il démonte littéralement tous les mécanismes du cœur humain pour en dévoiler le fonctionnement mais aussi ces vices et ces zones d'ombre. C'est peut-être là finalement que le terme marivaudage prend tout son sens : l'expression d'un théâtre nouveau, non pas réduit à une unité factice mais à un ensemble de pôles qui s'opposent et se répondent, offrant au lecteur/spectateur un univers ambigu. [...]
[...] En effet, tout comme les hommes, ses personnages sont dépendants les uns des autres et ne peuvent évoluer que grâce aux différents liens qui les relient. C'est pourquoi Bernard Dort déclare l'épreuve Marivaudienne n'est jamais à sens unique ; il n'y a pas un personnage qui éprouve et un autre qui est éprouvé. L'épreuve de l'autre se transforme inévitablement en épreuve de soi. D'après Bernard Dort, les pièces de Marivaux seraient en partie fondées sur l'épreuve c'est-à-dire, à la fois un obstacle à franchir mais aussi une souffrance à appréhender. [...]
[...] Cet amour sera alors celui de la maturité et de la réflexion, preuve qu'il fallait passer par cette épreuve de l'inconstance pour aboutir au véritable amour. L'épreuve apparaît alors comme une étape nécessaire au bonheur. A l'image de Candide, les paysans ont subit un parcours initiatique bénéfique puisqu'ils en sortent tous deux grandis et changés. Dans La Dispute, c'est différent, on ne peut pas à proprement parler de parcours initiatique parce qu'il s'avère que les jeunes gens n'ont pas vraiment évolué. En effet, les adolescents sont sous le charme de la première personne qu'il rencontre ; cependant, dès la deuxième rencontre, un nouveau désir naît. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture