Il s'agit d'un roman que Marivaux n'a jamais terminé, il n'a pas d'issue, pas de fin véritable, comme pour pousser le lecteur à s'interroger. Une ancienne actrice devenue femme de lettres, Mme Riccoboni, donnera suite à La Vie de Marianne en 1751. Ce roman parut par livraison (entre 1731 et 1741), selon la mode du moment.
Ce roman est précédé d'une triple ouverture : un avertissement, le récit d'un homme qui nous dit avoir trouvé le manuscrit, et Marianne qui, avant de commencer son récit, fait une ouverture sur son projet, loin selon elle, du projet romanesque.
Il plane un mystère romanesque sur la naissance de Marianne ; la jeune fille connaît de nombreuses aventures et des fortunes très diverses. Le rythme est lent, le récit se perd dans d'innombrables méandres, dans mille subtilités psychologiques (...)
[...] Le titre : La vie de Marianne ou les aventures de Mme la Comtesse de L'appellation du personnage par son prénom, Marianne, est de l'ordre du privé, mais aussi de l'ordre de l'anonyme car pas de nom de famille. Dans le deuxième titre, le Mme inscrit le personnage dans un contexte social avec insistance puisque le terme comtesse nous indiquait déjà le rôle social. Par la globalité qu'elle représente, la vie s'oppose aux aventures et à leur caractère ponctuel. Les permettent de faire croire à la véracité, et nous suggérant que cette comtesse à véritablement existé et que l'auteur veut préserver son anonymat. [...]
[...] La philosophie du sensualisme tout d'abord tient une grande place à cette époque ; cette philosophie de la connaissance inspirée par Locke, induit que toutes nos connaissances proviennent d'expériences sensorielles, et que c'est le point de départ d'une activité intellectuelle combinatoire (association d'idée) qui mène à la connaissance des notions et des concepts. Etre sensible est alors le propre de tout homme, et les capacités sensibles sont à la base même de tout travail intellectuel. Cependant, les bienséances, les conventions sociales, la morale ( ) empêchent le bon rapport avec le monde sensible. [...]
[...] Ces deux évènements vont déterminer sa vie et leur caractère accidentel prouve la bonne foi de Marianne. Dans cet extrait tout est question de regards et Marianne met en place une séduction offensive. Marivaux oppose la bonne foi qui règne dans les rapports amoureux (monde extra-social) et la coquetterie, art de séduction (monde social). Lorsque Marianne oublie de plaire à Valville, elle ne se contrôle plus et passe ainsi dans l'espace de bonne foi, privé d'artifice, espace de la vérité des sentiments. Valville apparaît alors comme un prince charmant (cf. [...]
[...] L' écriture de femme nous indique d'autre part qu'il va s'agir d'une écriture sensible, l'écriture de son cœur. Marianne, comme le manuscrit, a une origine brouillée, incertaine, et elle aussi était un peu cachée lorsqu'on l'a découverte. Il y a donc une similitude, une analogie entre le livre et Marianne. Les deux Marianne : On observe un double registre récurrent dans tout le roman : la voix de Marianne personnage, et la voix de Marianne qui interrompt le récit pour faire place à ses réflexions ; ces prises de parole de la part de la narratrice apparaissent en général à des moments stratégiques. [...]
[...] Les origines de Marianne : Le récit commence par l'épisode de la naissance de Marianne 51-52), placé immédiatement dans le registre tragique ; la scène représente la mise au monde symbolique de Marianne, mais dans un contexte de terreur qui va conditionner sa vie. Elle est représentée comme une héroïne, mais à chaque fois qu'elle racontera cette histoire dont la source est peu établie, elle donnera une version différente. Ce récit a eu en effet plusieurs intermédiaires, ce qui nous pousse à penser que des déformations se sont éventuellement opérées. [...]
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