Dissertation sur les apparences classiques des structures du théâtre marivaudien et l'originalité de ce dernier : les personnages de Marivaux ne sont pas des types prédéfinis mais des êtres humains ayant à découvrir leurs qualités, notamment leur capacité à aimer : le sens de l'épreuve comme enjeu principal de l'intrigue.
[...] Par ailleurs Marivaux, dramaturge de comédie, se plaît à redoubler ces épreuves. Ainsi il met en scène un frêre et une sœur, subissant parallèlement les mêmes épreuves, quand une seule de ces figures aurait suffi à l'intrigue. De même, Maître Blaise fonctionne comme le penchant comique de l'épreuve, quand l'enjeu principal de la pièce est centré sur l'épreuve d'Angélique. Ce redoublement, cet acharnement à éprouver des personnages dans un but de plaisir comique est typiquement marivaudien. L'influence du classicisme est donc évidente dans le théâtre marivaudien, respectueux des règles mises en place au siècle précédent, mais une structure typiquement marivauderai semble également émerger : c'est la notion d'épreuve qui commande, comme enjeu principal de l'œuvre mais aussi comme modalité comique. [...]
[...] Comment Marivaux parvient-il à concilier son héritage classique et le respect des règles qui lui sont liées, avec une certaine originalité due à son inscription dans le dix-huitième siècle? Après avoir convenu que l'œuvre de Marivaux est une digne héritière du classicisme en même temps qu'elle est, par la nature de ses intrigues, innovatrice, nous nous interrogerons sur d'autres points de rupture possibles entre les structures classiques et marivaudiennes. cela nous amènera à constater l'originalité de ce dramaturge dans les réponses qu'il propose aux interrogations essentielles de toute œuvre dramatique. [...]
[...] Ainsi, si des dissonances émergent par rapport aux structures classiques, le théâtre marivaudien ne peut se passer d'évoquer les conflits propres à la difficulté des rapports humains, comme n'avaient pu manquer de le faire ses prédécesseurs. Aux questions universelles sur l'être humain, Marivaux apporte donc ses réponses avec l'originalité que lui permet son inscription entre l'époque classique et le mouvement des Lumières. Les conflits entre amour et raison, désir et crainte d'aimer, étaient déjà des problématiques essentielles de la dramaturgie classique, notamment de la tragédie. La résolution de ces conflits passait alors par le renoncement, à l'amour ou à la vie. Chez Marivaux, au contraire, c'est l'amour qui l'emporte. [...]
[...] D'autre part, le conflit n'a pas totalement disparu. Nous avons vu que Marivaux avait respecté les règles d'unités de lieu et de temps. Cependant, il a placé Le Triomphe de l'amour dans un cadre antique, légendaire, prisé des baroques mais méprisé par les classiques pour ce qui n'était pas de la tragédie : les comédies devaient représenter le monde contemporain. Par ailleurs, si l'on ne se laisse pas aveugler par l'illusion théâtrale, on remarquera que la rapidité de la réussite de tant d'entreprises si difficiles peut être une raison pro remettre en cause la vraisemblance es pièces de Marivaux. [...]
[...] Le théâtre de Marivaux reste donc très marqué par le mouvement classique qui vient de s'achever lorsqu'il écrit ses pièces ; cependant, le dramaturge a su en modifier quelques structures afin d'intégrer dans ses œuvres des innovations inspirées par son époque propre. Ce théâtre respectueux des règles sait donc aussi faire preuve d'assez de liberté pour explorer l'être humain et les questions graves qui le concernent, en, même temps qu'il relève d'un comique parfois franc jusqu'à la cruauté. [...]
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