Arlequin se révèle donc vaniteux et grotesque, et Marivaux se plait ici à insister sur le comique de caractère. D'ailleurs, à la scène suivante, Dorante fera remarquer à son valet le fait qu'il a conservé ses "façons de parler sottes et triviales". Quant à la dernière forme de comique, le comique de geste, s'il n'est pas spécifié dans le texte, nous devinons à coup sûr que les comédiens italiens à qui la pièce était destinée s'en sont donné à coeur joie dans cette scène. Et en particulier Thomassin, titulaire du rôle Arlequin (...)"
[...] Tout cela provoque l'amusement et le rire du spectateur. Cette scène présente d'autre part l'intérêt d'être le miroir de la société du temps de Marivaux. L'auteur en profite en effet pour mettre en lumière les masques qui la composent et la difficulté de jouer un rôle qui n'est pas le sien. Il dénonce également l'humiliation morale que constitue le statut de valet et la suffisance de certains jeunes aristocrates ou riches bourgeois. Cette réflexion sur une classe brutale et méprisante se retrouve d'ailleurs de façon plus développée dans une pièce plus ancienne de Marivaux, L'Ile des esclaves, ce qui montre bien l'intérêt du dramaturge pour cette question. [...]
[...] Nous constatons donc que les grands thèmes et opinions développées par la pièce son présents dans cette scène : qui se ressemble s'assemble paraît nous dire déjà Marivaux, qui amorce ainsi une critique des rapports dans la société de l'Ancien Régime. Arlequin apparaît dans une scène où il est censé jouer le rôle de son maître, jeu qu'il ne maîtrise pas, multipliant les maladresses et les inconvenances. Cette attitude provoque de l'ironie de la part de Dorante, mais surtout de Silvia qui est particulièrement déçue par celui qu'elle croit être son prétendant. [...]
[...] L'apparition et les propos d'Arlequin contrastent avec la scène précédente où Silvia est séduite par la délicatesse du prétendu valet Bourguignon. D'ailleurs la déception de celle-ci s'exprime en aparté à la fin de la scène : Que le sort est bizarre ! aucun de ces deux hommes n'est à sa place. Le maître ne correspond pas du tout au portrait fait par Lisette scène ni sur le plan des manières ni sur le plan du langage (et le physique est certainement lourdaud aussi). On voit bien, en revanche, le parallélisme de manières et de pensée avec Lisette. [...]
[...] Oui, Monsieur, nous avons tort, et je cours informer votre beaupère de votre arrivée. (l.29 à vous êtes bien modeste (l.41). Silvia utilise également des répliques à double sens, comme lorsqu'elle fait remarquer à Arlequin que monsieur Orgon n'est pas encore (l.23) son beau-père La jeune femme en effet est encore plus réticente au mariage depuis la rencontre avec Arlequin. De même emploie-t-elle d'adjectif plaisant à propos d'Arlequin qui le comprend dans le sens de séduisant, comme nous l'avons déjà vu. [...]
[...] A la scène 6 de l'acte Dorante et Silvia se sont retrouvés seuls et adressés l'un à l'autre sous les déguisements de Bourguignon et Lisette. A la scène Arlequin, grand rôle comique, fait son entrée en se faisant passer pour son maître. S'ensuit un dialogue amusant entre un Arlequin bouffon, une Silvia perplexe et un Dorante mécontent de lui. Nous verrons dans une première partie le choc comique créé par le décalage entre la bouffonnerie d'Arlequin et l'ironie des deux autres personnages. [...]
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