Il s'agit donc de se demander en quoi ce débat est révélateur du point de vue de Marivaux sur la condition des femmes.
Nous verrons tout d'abord la thèse des hommes et les arguments sur lesquels elle s'appuie, et ensuite les revendications des femmes et leurs justifications. Enfin, nous étudierons l'efficacité du dialogue de comédie dans l'approche d'une problématique sérieuse. (...)
[...] ¤Dans tout cet extrait, on remarque la volonté de Marivaux d'insérer un débat sérieux dans un dialogue qui se voulait comique. *En effet, le dialogue comique, exprimé avec une grande vivacité théâtrale, exprime une colère sympathique, l'humour des femmes face à la frivolité des hommes. Aucune haine ou virulence n'est ici exprimée, comme cela pourrait être les cas dans un réel débat sur le sujet traité, au contraire, les dialogues restent souples et dynamiques. *Les arguments des femmes, et en particulier de Mme Sorbin qui exagère ses propos : Mort de ma vie ! [...]
[...] Marivaux fait ainsi usage de l'ironie, puisque ce qui ne paraît au premier abord que pour une marque de politesse n'est en fait qu'une façon pour Hermocrate et Timagène de renvoyer les femmes à un rôle limité et de les rabaisser en prétendant accorder de l'importance à leur opinion : Voulez-vous bien vous expliquer, madame ? D'épée, Madame ? *Enfin, les arguments avancés par les hommes mettent implicitement les femmes en opposition avec la notion de travail. Cette opposition se lit tout d'abord dans l'incrédulité d'Un Homme : Des femmes avocates ? Cette associations de termes peut très bien, dans ce texte, passer pour un oxymore. Ainsi trouvons nous également gravité décence et l'opposition évidente entre bonnet carré et cornette qui symbolise l'importance de l'homme face à la simplicité et la médiocrité des femmes. [...]
[...] Nous verrons tout d'abord la thèse des hommes et les arguments sur lesquels elle s'appuie, et ensuite les revendications des femmes et leurs justifications. Enfin, nous étudierons l'efficacité du dialogue de comédie dans l'approche d'une problématique sérieuse. ¤Les hommes sont ici clairement réfractaires à l'évolution de la condition sociale des femmes. *Tout d'abord, cette thèse se lit dans le manque de considération dont ils font preuve à l'égard des femmes. En effet, leur vocabulaire est dépréciatif, voire péjoratif, montre qu'ils ne prennent pas les femmes au sérieux. [...]
[...] La présence du champ lexical de l'affrontement, des armes : épée mort armes méchantes pistolet symbolise à la fois les emblèmes de la force associée à l'homme et la guerre que les femmes sont prêtes à mener pour gagner leur reconnaissance. *L'opposition entre pistolet et éventail mise en évidence par Marivaux, marque ici aussi l'opposition entre les hommes qui se battent et les femmes qui restent passives. Cette opposition n'est en revanche ici pas dépréciative mais au contraire elle marque l'évolution, l'égalité. Les femmes veulent prouver aux hommes qu'elles peuvent faire ce qu'ils font. [...]
[...] ;la veuve ni l'orphelin n'y perdront rien conclut parfaitement ce débat qui, et Marivaux l'exprime bien, n'aurait pas eu lieu d'être. Le dialogue est quasiment ridiculisé, les hommes ont une attitude sexiste et ils sont confortés dans leurs idées reçues, à tel point qu'ils ne reconnaissent pas des vérités évidentes et tiennent des propos absurdes. [Conclusion] Ce débat à fond sérieux mais mené avec humour exprime implicitement le point de vue de son auteur, Marivaux, sur ce sujet sensible qu'est l'égalité entre les hommes et les femmes. [...]
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