Le Jeu de l'amour et du hasard fut écrit peu après la Régence de Philippe d'Orléans et on ne peut pas dissocier l'oeuvre de Marivaux de son contexte historique, social et culturel. Cela reviendrait à faire une lecture simpliste et sans grand intérêt.
En effet, les personnages de la pièce incarnent des types sociaux. Tout se joue sur la position sociale des maîtres et des valets. Si on ignore la force des préjugés de cette époque et qu'une mésalliance entraînerait un rejet social, on ne peut pas comprendre les angoisses qui agitent les héros confrontés à ce dilemme (...)
[...] Marivaux penche pour une évolution plus morale que politique de l'ordre social. Il n'a pas d'idéologie précise à apporter mais pense que si les hommes deviennent meilleurs, plus raisonnables, moins orgueilleux, ils mériteront leurs rangs. Si l'ordre reste établi, chacun doit s'efforcer à devenir plus humain et plus juste. Mais quand Marivaux fait dire à Dorante le mérite vaut bien la naissance on peut penser que ce discours est prémonitoire vu les bouleversements sociaux et politiques qui auront lieu pendant la révolution française. [...]
[...] Il est animé par les idées nouvelles du courant philosophique et littéraire des Lumières qui prédomine dans toute l'Europe du 18ème siècle et qui à foi dans le progrès et la raison. Mais le mariage à cette époque était encore soumis aux exigences des convenances et de l'intérêt économique. C'est aux pères que revenait le choix du conjoint. Le mariage préservait les héritages, le nom de famille, le rang. Mais les parents commencent à rechercher l'assentiment de leurs enfants. Cependant dans la pièce, M. [...]
[...] Même si Dorante décide, malgré son rang, d'épouser une servante, il prétend même que le mérite vaut bien la naissance (acte scène 8). Ou bien lorsque Dorante avoue à Silvia qu'il n'est pas bourguignon mais son maître, elle dit tout bas Ah ! je vois clair dans mon cœur. C'est la réconciliation entre l'amour et l'amour propre. Elle avait honte d'être attirée par un valet .Elle est soulagée de découvrir que Dorante est de bonne naissance. On voit aussi que la nature reprend vite le dessus lorsque les personnages échangent leurs conditions sociales. [...]
[...] Un maître reste un maître dans un costume de valet, un valet reste un valet dans un costume de maître. En fait, ils n'ont jamais vraiment perdu leur place. Ils vont s'attirer entre semblables. C'est ce qu'on appelle le double registre. A la fin de cette comédie, lorsque les masques tombent, les valets réussissent à vaincre leur cupidité et leur arrogance en découvrant qu'ils n'épouseront finalement pas une personne d'un rang supérieur et les maîtres, leur orgueil. On peut le voir lorsque Dorante ne se soucie plus du rang de Silvia, qu'il est d'accord de l'épouser en tant que servante. [...]
[...] Cette recherche de la vérité est primordiale ainsi que le désir de connaître la vraie nature des êtres dans une société codifiée où tout le monde se dissimule derrière un masque. Conclusion : Le jeu de l'amour et du hasard est principalement une œuvre sociologique qui reflète les mœurs et les problèmes du 18ème siècle. Mais Marivaux lui donne également un aspect psychologique en décrivant son idéal de la morale de l'être humain qui tend à privilégier les qualités du cœur plutôt que les privilèges de la naissance. [...]
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