- Euphrosine est un être narcissique, superficiel et changeant dont Cléanthis effectue un portrait criant de vérité.
- Euphrosine voue un culte à son apparence. Sa coquetterie est la manifestation, égoïste et narcissique, de cette préférence pour soi-même qu'est l'amour propre. Entièrement tournée vers elle-même, elle se place au centre son univers (...)
[...] On remarque qu'elle ne désigne jamais sa maîtresse par son prénom, mais seulement par le substantif ennobli par la majuscule "Madame" qui rappelle non sans ironie, son ancienne subordination. En contraste, elle emploie le pronom personnel significatif du lien rompu entre maîtresse et suivante, se référant à sa propre identité. Ainsi, elle traite avec sarcasme et mépris celle qui l'a faîte souffrir. De plus, étant de ce fait maîtresse à son tour elle peut adopter librement la parole, indicateur de prise de pouvoir, ayant la liberté d'exprimer ses pensées sans menace. [...]
[...] Il fustige les clichés sociaux et représente des femmes "vaines, minaudières, coquettes". De plus, alors que cette scène est un véritable miroir de la société féminine de l'époque, elle sert également à montrer, par la satire de Cléanthis, que la condition sociale de celle-ci a été extrémement douloureuse, étant donné sa rancoeur et son ressentiment. Comment être raisonnable dans une telle situation, comment ne pas appliquer la loi du Talion ? On devine que Cléanthis aussi devra être corrigée par ses défauts dans le cadre de la pièce : elle doit apprendre la modération, à ne pas abuser du pouvoir lorsqu'elle le possède. [...]
[...] Marivaux : L'île des esclaves : Scène 3 Introduction : C'est avant tout une comédie qu'a mis en scène Marivaux au 18ème siècle avec "L'île des esclaves". Le dramaturge y présente en effet une inversion des rôles, où les maîtres sont jetés dans la servitude, et où les valets eux, accèdent au pouvoir. Au cours de cette scène, Cléanthis, ancienne suivante, se doit d'établir le portrait de sa maîtresse. Cet extrait est donc l'occasion pour Marivaux de dénoncer à la fois la coquetterie des femmes de l'aristocratie de son époque, ainsi que la rancoeur des valets qui ont souffert, d'abord par le portait d'une coquette qui est effectué, ensuite par la satire sans complaisance de Cléanthis. [...]
[...] De même, l'évocation de l'épisode de la loge au spectacle montre bien son orgueil, la compétivité les jalousies face aux autres femmes. Euphrosine est un véritable stéréotype de la femme "vaine, minaudière et coquette", hypocrite et fausse de la haute société. Une société où se sont pricipalement les apparences qui dominent. Cléanthis tend un miroir très véridique à Euphrosine, première étape de la correction des maîtres et des maîtresses effectuée afin de révéler leurs défauts au grand jour, car "on ne peut corriger les hommes qu'en les faisant voir tels qu'ils sont". [...]
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