Commentaire de texte sur la tirade de Cléanthis, issue de la Scène X de L'Ile des esclaves, pièce de théâtre écrite par Marivaux. Dans cette lecture analytique, il est montré combien le discours de Cléanthis est une véritable dénonciation des maîtres qui lui permet ensuite de mettre en évidence la grandeur et la supériorité morale des esclaves.
[...] La tirade de Cléanthis dénonce bien la distance effrayante entre les humbles et les aristocrates ; s'élève bien contre les pratiques injustes et plaide en faveur d'une harmonie sociale. Cependant la pièce n'a pas de valeur révolutionnaire. La leçon de la pièce est morale est non politique. Le dénouement coïncide d'ailleurs avec la restauration des pouvoirs et chacun reprend sa place. Les relations maîtres/valets doivent se fonder sur le respect, le partage et la fraternité. La pièce apparaît donc plutôt comme un divertissement moral même si Marivaux se montre parfois audacieux. [...]
[...] Cléanthis désapprouve cette attitude comme le signale le champ lexical de la honte. "vilain", "rougir", "honte". Dans ce contexte la formule "Messieurs les honnêtes gens du monde" est une antiphrase. Mais Cléanthis ne se contente pas d'accuser avec force les maîtres. A la pauvreté d'âme des puissants elle oppose la générosité, la bonté des esclaves capables, eux, d'humanité et de pardon. II mise en évidence de la vraie grandeur. En face de la sécheresse de cœur des maîtres, Cléanthis oppose la bonté d'âme des valets. La formule "Ah ! [...]
[...] L'emploi du présent de l'adverbe aujourd'hui dans la formule "Qui ont aujourd'hui pitié de vous" laisse penser que sa propre conversion est proche et qu'après le ressentiment c'est le pardon qui la gagne : d'ailleurs Arlequin l'a bien compris puisqu'il affirme à Euphrosine : "Elle vous pardonne, voilà qu'elle pleure, la rancune s'en va". On peut pourtant s'interroger sur les larmes de la servante. Est-ce la rage de ne pas pousser plus loin sa vengeance ou n'est-ce pas plutôt de l'émotion d'accéder à la grandeur d'âme du pardon ? [...]
[...] Cléanthis entre suivie de sa maîtresse à qui elle parle durement. Elle ne comprend pas pourquoi Arlequin a repris son habit de valet et donne libre cours à son sentiment. Dans une lecture analytique je montrerai combien le discours de Cléanthis est une véritable dénonciation des maîtres qui lui permet ensuite de mettre en évidence la grandeur et la supériorité morale des esclaves. I La dénonciation des maîtres. Lorsque la scène commence on comprend que Cléanthis adhère parfaitement à son rôle de maîtresse. [...]
[...] Commentaire de texte L'île des esclaves - Scène 10 : La tirade de Cléanthis. "La comédie corrige les mœurs en riant", telle était la devise des comédiens italiens auxquels Marivaux donne L'île des esclaves en 1725. Représentée pour la première fois le 5 mars 1725. Cette comédie en un acte connaît un grand succès auprès du public. Elle est aussi la première des trois utopies insulaires : L'île de la raison (1727), La nouvelle Colonie (1729). Comédie ambiguë, L'île des esclaves va donner un véritable "cours d'humanité" car sur la scène, tout est possible. [...]
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