L'arrivée de Trivelin amène l'illusion théâtrale du changement d'état et de la nouvelle loi de l'île. Cette illusion sera visualisée d'abord par un changement de nom puis par un changement de vêtements : le spectateur doit croire à cette inversion des rôles en utilisant ici le costume (le théâtre, surtout celui de Marivaux, est présenté comme une illusion de la réalité et Marivaux utilise souvent la mise en abyme, c'est-à-dire le théâtre dans le théâtre) (...)
[...] On a même vu dans ce personnage quelque chose de divin : "deus ex-machina"). 1ère étape : auto-justification de l'inversion des rôles. 2ème étape : rendre sensible. 3ème étape : "nous" / "vous". 4ème étape : champ lexical de la morale : "meilleur", "charité", "bonté". Il s'agit bien encore une fois de soigner le corps social. Le terme "maître" a deux sens : - Maître / esclave : le dominant. - Le pédagogue. Trivelin lui aussi est associé à cette cure. Cette triade est à valeur didactique. [...]
[...] Pour exposer cette loi et la rendre plus compréhensible à des jeunes maîtres qui n'ont jamais réfléchi à ce problème, Trivelin utilise la métaphore de la maladie et du soin, c'est-à-dire celle de la cure (image argumentative). II) La cure de l'humanité et son sens A. La correction Dès le début de la scène, Trivelin propose à Arlequin de corriger son maître. Il s'agit du sens premier du mot "corriger" qui est "remettre droit". Ce verbe sera repris tout au long de la scène. Dans la tirade : "corriger" / "se venger". B. [...]
[...] Je pense donc que vous savez qui nous sommes. Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves ; la vengeance avait dicté cette loi ; vingt ans après la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. [...]
[...] N'oubliez pas aussi l'implicite : à cause de la censure, beaucoup d'idées sont sous-entendues. Conclusion : Une tirade importante dans la mesure où elle précise au spectateur ce qu'il avait entrevu dès la première scène (avec le refus d'obéir grandissant d'Arlequin), et où elle permet de comprendre également les intentions de l'auteur par rapport au déroulement général de la pièce. Une tirade qui laisse également voir quelques idées maîtresses de la philosophie de Marivaux, et qui permet d'emblée de ne pas s'y tromper : il ne s'agit pas de renverser l'édifice social, mais de lui donner un visage plus humain. [...]
[...] Historique L'île a été construite sur une révolte, où il y a des réfugiés esclaves. Filiation "héritier de la cruauté", "ressentiment des outrages" : colère légitime. Fonctionnement pour Marivaux : l'immoral est illégitime pour la société (la loi du plus fort). Une hiérarchie qui amène la cruauté. "nous", "nos pères" : la notion d'esclavage est lointaine et a disparu de l'île. Dans l'île, on est ce que l'on est, et on n'est pas reconnu par la naissance. B. Première loi de l'île Loi du talion "oeil pour oeil dent pour dent" = loi tribale. [...]
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