L'attitude provocatrice d'Angélique, dans la scène précédente, se poursuit ici. Il faut cependant noter qu'elle semblait y avoir renoncé au début de ce dix-huitième tableau. Elle répond en effet clairement aux questions de Maître Blaise (« non, laissez-moi », « non ») et ses répliques, laconiques au début, donnent véritablement l'impression d'une immense lassitude (...)
[...] est-ce ma personne qui vous a pris le cœur ? - Le paysan représente le bon sens populaire et il n'a pas le sens des convenances comme les autres personnages. Il dit clairement ce qu'il remarque sans se soucier de la gêne que ses interventions pourraient occasionner. Ce que Maître Blase remarque, Maître Blaise le dit. Ainsi, il met l'accent sur les refus d'Angélique et le polyptote de refuser en refuse en refuserait refuserais le souligne, sur son inclinaison pour Lucidor tout le reste est du fretin pour alle, hors Monsieur Lucidor Li-même et émet clairement des doutes sur un quelconque amour secret : un autre galant, alle serait morgué bian en peine de le montrer - L'entrée de ce personnage est donc source de rebondissements puisqu'il met le doigt sur l'essentiel et le formule bien haut. [...]
[...] Le véritable amour est nié et donné comme une amitié se muant en haine, le mépris pour de l'amour. La comparaison de la girouette est des plus justes même si elle ne rend guère compte d'une conscience totale de la réalité. Angélique n'est pas une girouette dans l'âme, elle n'a pas le cœur indécis, hésitant, désorienté. Elle tente juste, de façon désespérée, de se remettre de son immense déception et des assauts maritaux de Lucidor. Cette dix-huitième scène marque un tournant dans la mesure où le comique reprend, après deux scènes de tension, ses droits. [...]
[...] Mais c'est un mouvement inverse à celui vu précédemment. - Dans un premier temps, elle le repousse mais changera au cours de la scène de tactique passant du non, laissez-moi à c'est justement lui qui parle Oui, c'est lui je vous dis que c'est lui oui c'est vous Il y a un effort presque désespéré de la part d'Angélique dans ces phrases qui manquent cruellement de conviction. - A plusieurs reprises, elle donne à voir le mépris qu'elle a pour le paysan : l'insupportable homme cet indigne malhonnête que vous êtes benêt Aucune didascalie ne précise un quelconque aparté ; aussi ses affirmations pour désigner Maître Blaise comme étant son galant ne peuvent être prises au sérieux. [...]
[...] La scène 18 est ainsi faite de nombreux rebondissements. L'entrée de Maître Blaise, de son bon sens et de son franc-parler pimente ce tableau et poussent encore davantage Angélique dans ses derniers retranchements. La jeune femme devient ici l'objet de tout un mouvement amoureux, le maître à danser presque d'une valse des sentiments. Les différents mouvements amoureux (valse) Angélique/ Lucidor - C'est dans la relation entre Angélique et Lucidor que cette valse des sentiments est la plus nette, la plus visible. [...]
[...] est évidemment source de comique. Son empressement, visible, ses efforts pour montrer qu'il n'est pas responsable du refus d'Angélique font tout aussi sourire : si elle ne me prend pas, c'est sa faute ce n'est pas sur moi qu'il en faut jeter l'endosse L'évolution de Lucidor - Si, dans cette scène, les personnages sont égaux à eux-mêmes (Maître Blaise assurant le comique, Lisette se mêlant de ce qui ne la regarde pas, Angélique voulant mettre un terme aux assauts de tous ses prétendants et s'isoler avec sa déception et son chagrin), Lucidor, lui, n'est plus tout à fait le même. [...]
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