Le Mariage de Figaro, Beaumarchais, censure, liberté d'expression, monologue théâtral, public fictif, question oratoire, indignation, jalousie, colère, critique sociale, critique religieuse, satire, récit autobiographique
Il s'agit d'un monologue théâtral, une mise en scène d'une parole intérieure. Le monologue est animé par différents procédés qui en font un véritable spectacle :
- il s'adresse à un public fictif à travers deux apostrophes : la première à la "femme" en tant que genre (l. 1-2), avec la question oratoire "le tient est-il donc de tromper ?" ; la seconde au comte avec le passage de la 3e à la 2e personne du pluriel (l. 4-5).
- Les nombreuses exclamations traduisent l'indignation (l. 1-2-4-5) qui se mue en défi (l. 5 : "vous ne l'aurez pas").
- Les phrases inachevées (nombreux points de suspension) laissent entendre l'égarement, la jalousie et la colère que ressent Figaro.
- Une première énumération (l. 6 : "noblesse (...) places") suggère le rythme rapide, l'accélération de la parole.
[...] On voit dans ce qui suit la grande précarité à laquelle Figaro est réduit : `Mes joues se creusaient ; mon terme était échu', se donnant ainsi la figure du martyr, victime d'une liberté d'expression muselée. - La force de la censure qui s'exerce sur Figaro et les auteurs en général est exprimée grâce à deux principaux procédés : * l'antithèse à valeur ironique : annoncée par un vocabulaire mélioratif, présentant ce qui a été établi à Madrid comme un parangon, un idéal de la liberté d'expression : `un système de liberté sur la vente de production, qui s'étend même à celle de la presse' (l. [...]
[...] Une satire religieuse et sociale La place de l'humour Figaro manie un humour acerbe et satirique qui se caractérise par l'ironie. Outre les exemples déjà cités, on remarque ainsi l'antiphrase `douce liberté' (l. 37) pour qualifier la censure. On peut également noter l'atténuation finale : `me voilà derechef sans emploi euphémisme qui désigne en réalité une situation bien plus grave (l'interdiction de s'exprimer librement, d'informer, de débattre et de critiquer, d'être privé de liberté pour cela). Son ton est volontiers moqueur comme le montre la remarque sur les `princes mahométans' (l. [...]
[...] L'ironie est ici au service de la satire, car si Figaro reprend les termes `liberté' et `censure', c'est pour en montrer la parodie qu'on sert dans la société dans laquelle il vit. - Figaro est victime de la censure de deux manières : * ses écrits sont brûlés : `et voilà ma comédie flambée' (l. allusion aux autodafés dont étaient frappés les ouvrages jugés hérétiques * le journal qu'il a créé est supprimé (l. 38-39), quand bien même il a pris soin de le nommer `Journal inutile', suggérant par là que la censure ne repose sur aucune raison fondée (le fait seul de publier entraîne la censure) et montrant qu'un journal qui n'aborde aucun des thèmes proscrits est par définition un journal inutile. [...]
[...] - Le lexique et les tournures de phrases expriment la révolte du personnage. * Concernant le lexique : créature faible et décevante le perfide (l. morbleu + questions oratoires `le tient est-il donc de tromper ?' (l. `Qu'avez-vous fait pour tant de biens ?' (l. qui n'appellent pas de réponse. On peut également relever des tournures elliptiques (phrases brèves, comme interrompues, comme si Figaro ne pouvait traduire par les mots la force de sa révolte) : `et moi comme un benêt ' (l. [...]
[...] - Figaro s'attaque d'abord à la perversité de cette aristocratie en déclin. Faisant référence au `droit de cuissage' (le comte peut `user' de Suzanne, la future épouse de Figaro comme bon lui semble, selon un vieux droit féodal), il raille son cynisme `il riait en lisant, le perfide ' (l. 4). - Il dénonce avec insolence sa position d'injuste privilégié : * En mettant en opposition `grand seigneur/grand génie' (l. * Il énumère les privilèges `noblesse, fortune, un rang, des places' (l. [...]
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