Commentaire composé des scènes 4 et 5 de l'acte III du "Mariage de Figaro" (Beaumarchais), pièce de théâtre du XVIIIème siècle. Le passage étudié va de : "Ce Figaro se fait bien attendre" (scène 4) à "Il croit que je sais rien" (scène 5).
[...] L'art de divertir fait en même temps diversion. Figaro cherche à étourdir le comte par ses pirouettes, ses gags, sa gestuelle. Il veut lui faire croire que l'Angleterre est une destination qui lui convient parfaitement, et c'est ainsi qu'il fait tomber le comte dans son propre piège. Cette tirade est étourdissante car elle est tournée autour d'un seul mot. Figaro développe son idée jusqu'à l'absurde. La gestuelle fait devenir Figaro un acteur : on a donc en quelque sorte du théâtre dans le théâtre. [...]
[...] Il triomphe de son maître par son esprit. La naissance n'est pas synonyme de talent. Beaumarchais utilise tous les ressorts du théâtre, de langage, techniques oratoires comme l'aparté, des tirades pleines de fantaisie (God-Dam), des mots d'esprit, des mimiques, des gestuelles. Cette tirade est à l'image de Beaumarchais et de son message sociopolitique. Cela en fait une pièce pré- révolutionnaire. Tout concourt à montrer que la naissance ne fait pas tout. On a une leçon de vertu tout en souriant dans l'esprit français. [...]
[...] Lecture Analytique du Mariage de Figaro, Acte III, scène 4 et 5 INTRODUCTION Nous, lecteurs ou spectateurs, savons que le comte cherche à séduire Suzanne. Mais le comte ne sait pas si Figaro a été mis au courant par Suzanne qu'il veut en faire sa maîtresse. Il va donc tenter de le savoir dans cette tirade. On a ici un interrogatoire mené par le comte, et le serviteur esquive, répond, et fait quelques ‘‘pirouettes''. Pour Figaro, affronter le comte sur le terrain de la crise le fait briller. [...]
[...] Le comte essaie de faire parler Figaro sans éveiller ses soupçons, de mener un interrogatoire en douceur. Mais il n'est pas brillant et change d'attitude de manière maladroite : J'avais oui, j'avais quelque envie de t'emmener à Londres les points de suspension soulignent le changement de sujet. Lorsque le comte s'emporte et nuit à ce qu'il veut savoir, il fait bien comprendre que son entreprise risque d'échouer. Il y a un jeu subtil sur les didascalies : en colère radouci Au début de la scène, le comte vouvoie Figaro avec une certaine agressivité, ce qui est étonnant. [...]
[...] Les apartés mettent Figaro dans une situation de supériorité par rapport au comte et le mettent en complicité par rapport au spectateur. Figaro en sait un peu plus que le spectateur, tout comme le spectateur. Chaque personnage utilise des apartés. Ils commentent, dissimulent ce qu'ils vont faire. Le public est le mieux placé pour en avoir la synthèse. C'est un discours que l'autre n'est pas censé entendre. Mais ce qui est drôle, c'est que Figaro répond comme s'il avait entendu ce qu'a dit le comte (alors que non). Le comte confesse qu'il risque de rater son entreprise. [...]
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