Depuis l'invention du cinéma, un grand nombre d'oeuvres littéraires a été porté à l'écran avec plus ou moins de succès. Le langage cinématographique, en effet, a sa spécificité et impose souvent "des libertés" plus ou moins flagrantes selon les cas, dans le scénario, les personnages, l'époque et les lieux, et par conséquent, dans les décors.
Tel est le cas de l'adaptation cinématographique de Marcel Carné dans son film Thérèse Raquin, inspirée du roman du même nom de Zola.
Nous nous attacherons donc à dégager les différences et les ressemblances dans le scénario, les personnages et les décors (...)
[...] Camille est au courant de la liaison de Laurent et Thérèse, et afin d'empêcher Thérèse de s'enfuir avec Laurent, il organise un voyage à paris et l'emmène avec lui. Laurent, inquiet, décide de les rejoindre dans le train, et dans la nuit, il rencontre Thérèse qui quitte la cabine du train pendant que Camille et un autre voyageur dorment. Quelque temps plus tard, Camille quitte la cabine à son tour, et surprend Laurent et Thérèse dans les bras l'un de l'autre. [...]
[...] En réalité, la fin diffère dans la forme, mais reste identique dans le fond, puisque les amants seront inévitablement punis. La mise en scène de la fameuse lettre, ainsi que les conditions de la mort du maître-chanteur relèvent du coup de théâtre et sont des éléments romanesques. En effet, s'ils sont utiles pour le réalisateur, ils font perdre au film la mesure naturaliste du roman. De plus, le travail effectué par Zola sur les tempéraments des personnages est inexistant dans le film, alors que ce travail est un pilier du roman. [...]
[...] L'obsession et la tourmente de Laurent se voient à travers sa peinture qui devient muselée par son crime. La personnalité de Laurent est aussi changée, son côté intéressé, sombre, puis à la fin monstrueux est occulté dans le film, toute l'évolution de son comportement est absente, alors qu'elle est très présente dans le livre. Le personnage de Mme Raquin, qui est dans le livre, quelqu'un d'attentionné, doux, presque surprotecteur devient dans le film un personnage acariâtre, sec et sévère. Camille, quant à lui, reste quelqu'un de maladif, chétif et égoïste. [...]
[...] Mentalement, le réalisateur a respecté les caractéristiques de son attitude, son tempérament calme mais à des moments où il laisse échapper une certaine faiblesse et nervosité, qui sont bien exprimées par le jeu de l'actrice. Cependant, la façon de réagir de Thérèse après le meurtre elle aussi, changé dans le film. Dans le roman, Thérèse est traumatisée, dans le film, elle reste insensible et n'exprime des remords qu'après l'apparition du maître-chanteur. Laurent, lui, physiquement, correspond tout à fait au Laurent du livre. [...]
[...] Thérèse et Laurent sortent alors de la mercerie, Laurent prend le corps de l'homme gravement blessé et le rentre dans la mercerie. Pendant que les amants récupèrent les billets dans le manteau du maître-chanteur, celui-ci tente de leur dire qu'une lettre les dénonçant va être postée, mais étant gravement touché, il n'a su dire que : la lettre et meurt enfin, en laissant inquiets et perplexes les amants. Après cet épisode, la fin du film met en scène la bonne qui, comme l'avait demandé le maître-chanteur, s'en va pour poster la lettre, voyant que celui-ci n'est toujours pas revenu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture