Enfin tout le poème semble construit pour peindre à Philis ce tableau des tourments. Tout se passant comme si tout ce qui précédait était la propédeutique à la visée argumentative du poème : se faire aimer. En effet, on peut lire le sonnet comme un sonnet amoureux dont le but est de séduire une femme et le début du poème serait une préparation originale de l'argumentation, originale car particulièrement mouvementée.
On remarque en effet la volta (on appelle volta justement ce retournement qu'on trouve en général dans le dernier tercet d'un sonnet. C'est souvent la clarification de la démarche argumentative du sonnet) des tercets (...)
[...] D'ailleurs cette mise au monde de l'amour perpétuel se joue aussi dans la fusion entre la mer et le feu, car on sait que depuis l'antiquité le feu est associé à l'homme et l'eau à la femme par la fusion entre ces deux éléments opposés. C'est ici l'union amoureuse qui est peinte et accomplie. Ainsi ce poème qui emporte le lecteur en devenant presque lui-même une vague, une tempête, parvient à peindre l'amour par une illusion troublante : l'amour est la mer et le feu ce mouvement perpétuel. Ce poème est donc un magnifique trompe l'œil qui nous fait voir la vie comme résultat de la mort. [...]
[...] S'il y a bel et bien dans la passion amoureuse tout ce qui peut créer du beau, il faut que la main de l'homme soit digne de cette artiste qu'est la nature. C'est cela que tente de montrer Marbeuf. Le poème devient le mouvement même de la passion, par une sorte d'alchimie. Le poème déborde son propre cadre et devient cette vague de l'amour qui nous emporte. Le poème de Marbeuf s'inscrit ainsi dans le baroque dans la mesure où la poésie devient ici une sorte de trompe l'œil. Non seulement les mots deviennent la mer qui nous est peinte, mais cette mer elle-même parvient à devenir l'impossible du feu. [...]
[...] - La référence à Lucrèce et donc à la philosophie antique. - Le jeu sur les symboles de l'eau et du feu est aussi un jeu sur la mythologie antique qui associe l'homme au feu et la femme à l'eau. C'est ici au lecteur de voir ce rapport et donc le rapprochement de l'homme et de la femme à travers le rapprochement du feu et de l'eau. - Enfin il y a aussi un hommage à Pétrarque. Et donc a la poésie de l'amour. [...]
[...] Grâce au travail de Marbeuf, le poème apparaît comme une sorte de chaudron qui va par le verbe transformer les éléments. On a noté plus haut un renversement apparent sur le sens de l'eau entre les deux quatrains et les deux tercets. Mais si l'on regarde de plus près, il n'y a pas opposition mais fusion. Cela est créé par les jeux phoniques. La mer est toujours associée à l'amour. (Mer-mere, or la mer est ce qui donne naissance à Vanus, représente l'amour). [...]
[...] Ceci est d'autant plus troublant à la lecture, puisque les homonymes quand ils sont lus ainsi que les paronomases ne permettent pas immédiatement de détacher les termes et les sens. Cela crée une impression de tournoiement qui mime ce dont on parle. L'amour apparaît comme une mer houleuse qui prend le lecteur auditeur. Le poème devient une mer, et cette mer c'est l'amour. La capacité alchimique du poème Le poème parvient même à allier deux images antithétiques, à les faire fusionner. Défi presque impossible en effet l'eau et le feu sont une seule et même chose. [...]
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