C'est dans les années 1930 que Mikhaïl Boulgakov commence à écrire Le Maître et Marguerite, et il lui faudra encore 10 ans pour achever le chef-d'oeuvre de sa vie, une histoire d'amour passionnée avec un univers fantastique en toile de fond.
Le fantastique, c'est ce qui nous intéresse aujourd'hui, mais avant tout je vous propose une définition du fantastique de Soloviov, mystique et philosophe russe du XIXe siècle : " Dans le véritable fantastique, on garde toujours la possibilité extérieure et formelle d'une explication simple des phénomènes, et en même temps, cette explication est complètement privée de possibilités internes". Cela signifie qu'il y a dans le fantastique toujours une tension entre une explication logique de ce qui se passe et une explication beaucoup plus irrationnelle, mais qui ne semble pas moins fausse que l'autre (...)
[...] Cette inclinaison volontaire vers le merveilleux a peut-être été choisie pour parer à la censure qui sévissait à l'URSS de cette époque. Ceci nous amène justement à cette dernière sous-partie. C. L'engagement politique Il faut parler de l'engagement politique de l'œuvre de Boulgakov. Mais avant tout, il faut préciser que le fantastique, selon l'Introduction à la littérature fantastique de Todorov, ne doit pas être lu autrement que ce qui est écrit. Or nous voyons apparaître dans le Maître et Marguerite les critiques de Boulgakov envers son pays et son gouvernement. [...]
[...] De plus on peut voir dans le Maître et Marguerite de Boulgakov les lignes principales du roman policier. En effet, à partir du chapitre 17 la police intervient dans l'histoire, en voulant d'abord régler le problème de la queue devant le théâtre. Mais très vite, la milice s'occupera de la disparition de nombreux directeurs des Variétés. C'est à partir de ce moment que commence à s'ouvrir une enquête à Moscou. Ainsi l'enquête policière prend une part importante dans le roman, et nous la suivons, en même temps que l'histoire. [...]
[...] Nous avons donc vu que les personnages représentaient, pour la majorité parfaitement le fantastique puisqu'ils tendent à la fois du côté de la normalité mais ils ont quelque chose d'effrayant, de surnaturel. B. Les éléments fantastiques Là aussi comme pour les personnages, il faut faire attention de ne pas confondre fantastique et merveilleux. Certains évènements du texte sont uniquement merveilleux puisqu'il n'y a pas ce balancement entre une explication logique et une explication irrationnelle, comme par exemple la résurrection miraculeuse de Béhémoth au chapitre 27. Pour ne pas faire trop long, je vais m'intéresser à seulement trois éléments fantastiques importants du texte. [...]
[...] Ici, le surnaturel nait quasiment du langage, qui est à la fois une preuve et une cause d'existence. C. La perception du lecteur à travers le regard du narrateur Un dernier élément est encore nécessaire au fantastique: c'est la perception du lecteur à travers la position du narrateur. Boulgakov choisit de montrer Moscou sous tous les angles, il donne des détails très minutieux. De plus ce sont des détails véridiques sur les lieux que nous donne l'auteur, comme par exemple p. 88: nous avons une description très détaillé avec des parenthèses historiques sur la «Maison de Griboïedov». [...]
[...] Un autre évènement fantastique et pas des moindre, c'est la représentation de théâtre de Woland du chapitre 12. Tout ce qui s'y passe semble tout bonnement merveilleux mais il faut rappeler que nous sommes dans le cadre d'une représentation de magie, au sens de prestidigitation et comme on le sait, la prestidigitation est une magie truquée. Cependant le plus étrange c'est que deux chapitres après, on découvre que les femmes qui avaient échangé leurs vêtements pendant le spectacle se retrouvent en petite tenue, leurs beaux habits ont disparu, comme par la suite les billets de 10 roubles qui s'avèrent être des étiquettes d'eau minérale. [...]
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