A. Un cadre spatio-temporel qui semble romantique
Dans ce chapitre, Flaubert place ses personnages dans une situation qui rappelle celle évoquée dans bien des oeuvres romantiques :
? l'intimité amoureuse dans la chambre d'hôtel : "ils vivaient là, volets fermés, portes closes..." (l.2).
? la promenade au coucher du soleil : "Vers le soir, ils prenaient une barque" (l.4), "sous la couleur pourpre du soleil, comme des plaques de bronze florentin, qui flottaient" (l.7). L'adjectif de couleur et la comparaison avec le bronze issu de Florence, ville chérie des romantiques, concourent à l'aspect romantique de la promenade.
- (...)
[...] Les adieux furent tristes. Flaubert va même jusqu'à parodier Le lac de Lamartine : o d'abord par l'interruption irrespectueuse de la citation marquée par le méprisant etc. o ensuite par la mention du vent qui couvre la voix d'Emma, dont l'auteur souligne de surcroît la faiblesse : sa voix harmonieuse et faible se perdait sur les flots Dans une sorte d'oxymore, le deuxième adjectif contredit le premier et cette voix contraste du coup largement avec celle de la femme évoquée dans le poème de Lamartine, laquelle parvenait à charmer la nature environnante. [...]
[...] Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir ! Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux. Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés. [...]
[...] je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir ! Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes Sur ses pieds adorés. Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots : Ô temps ! [...]
[...] Le batelier7 l'examina et finit par dire : Ah ! c'est peut-être à une compagnie que j'ai promenée l'autre jour. Ils sont venus un tas de farceurs, messieurs et dames, avec des gâteaux, du champagne, des cornets à pistons8, tout le tremblement ! Il y en avait un surtout, un grand bel homme, à petites moustaches, qui était joliment amusant ! et ils disaient comme ça : Allons, conte-nous quelque chose Adolphe Dodolphe je crois. Elle frissonna. Tu souffres ? fit Léon en se rapprochant d'elle. Oh ! [...]
[...] le même bruit régulier des rames dans l'eau : On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, / Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence / Tes flots harmonieux. (v. 13-15 du Lac ; Les avirons carrés sonnaient entre les tolets de fer ; et cela marquait dans le silence comme un battement de métronome, (l.20-21). la même volonté d'arrêter le cours du temps : Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! [...]
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