Madame Bovary, de Flaubert, est un roman réaliste paru en 1857. L'auteur y raconte l'existence de son héroïne, Emma, épouse d'un officier de santé insignifiant, et rêvant depuis toujours au luxe des châteaux et à une vie pleine d'exaltation. Ces mêmes fantasmes désordonnés détruiront la vie de son mari, trop aimant pour se rendre à l'évidence : elle ne l'aime pas, elle le trompe, elle le ruine (...)
[...] Ce contexte funeste, réunissant la mélancolie, la mort, la beauté et la passion, propose à cet excipit une vision résolument romantique, mais nous enjoint surtout à la pitié pour le pauvre Charles Bovary. Mais cette réhabilitation finale ne s'accompagne pas de l'élément que l'on aurait pensé crucial en cette fin de roman Cette fin reste en effet dénuée de morale, dans les victoires d'Homais, de Rodolphe, mais aussi dans les conséquences déplorables de la mort de Charles. En effet, Madame Bovary se termine sur le couronnement des méchants. Rodolphe va largement profiter de l'abattement de Charles pour agir comme si rien ne s'était passé. [...]
[...] Canivet l'ouvrit et ne trouva rien nous rappellent que Charles est toujours Charles, même transformé. Les conséquences de sa mort, comme le bénéfice ridicule de douze francs soixante et quinze centimes ou le malheur de Berthe de se voir abandonnée, puis employée vulgairement dans une filature de coton complètent l'idée d'une fin pleine d'une ironie acide. Les bons, les innocents, sont punis et les personnages les plus vils du roman prospèrent sans se voir inquiétés, preuve que Flaubert, oublieux de la morale usuelle, a préféré une ironie peut-être plus réaliste. [...]
[...] Pour conclure, nous comprenons au travers de cette fin si particulière, qui transforme Charles Bovary en un personnage auquel nous n'étions pas habitués, cette fin mêlant le sublime, le pathétique et le grotesque, que Flaubert a décidé d'offrir à son lecteur un revirement inattendu. Cet excipit est construit en écho à l'épisode de la casquette, où Charles nous était décrit comme un anti-héros, pour mieux souligner son évolution. La souffrance d'avoir perdu l'amour de sa vie a entièrement recomposé le personnage de Charles, trop tard pourtant puisqu'il doit en mourir. [...]
[...] Aussi, à travers ces différents éléments tirés de l'excipit, voyons en quoi Charles Bovary est-il transformé en héros romantique. En effet, cette fin de roman nous expose Charles Bovary sous un jour inconnu, en contradiction avec tout ce que nous avions pu lire sur le pauvre homme. Et il va jusqu'à remplir les caractéristiques du héros romantiques Car le champ lexical de la colère s'empourprait», frémissaient fureur sombre ) présent au début de l'extrait et exprimant la douleur du deuil de sa femme vient s'éteindre dans son pardon. [...]
[...] Le fait que son sentiment soit assez puissant pour qu'il suffoque sous les vagues effluves amoureux que son mal moral se transforme en un mal physique, prouve que sa passion est loin d'être éteinte. On sent surtout cette douce mélancolie propre au héros romantique, un mélange paradoxal d'amour transit et de malheur. Ce sentiment semble le déconnecter d'une réalité trop dure à accepter. Son cœur est chagrin mais il paraît prostré dans l' émerveillement Et il semble que même sa mort ne trouble pas sa position immobile. [...]
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