Le chapitre 12 de la deuxième partie du roman Madame Bovary se situe juste après l'épisode du pied-bot qui s'est soldé par la suprême humiliation de Charles Bovary. Emma se détache alors définitivement de Charles et revient, brûlante, dans les bras de son amant, Rodolphe. Elle multiplie les dépenses, se ruine en soins de beauté et en robes et, pour le couvrir de cadeaux, va même jusqu'à voler de l'argent à son mari. Exaspérée par sa belle-mère, Emma supplie son amant de l'enlever. En attendant, la jeune femme calme son impatience et berce son ennui en rêvant tout éveillée dans le lit conjugal (...)
[...] La médiocrité d'Emma consiste ainsi à n'imaginer et à ne désirer que ce qu'elle a lu dans les livres. Flaubert se moque aussi de ce couple bourgeois dans son rapport extravagant à l'argent : d'un côté il met en évidence la cupidité de Charles en lui prêtant le terme de clients au lieu de celui de patients ce qui est au demeurant un clin d'œil ironique au fait que pour Charles, comme pour maints médecins, les patients sont avant tout un gagne-pain. [...]
[...] Transition : si tout semble opposer ces 2 rêves, Flaubert toutefois les juxtapose pour en souligner ironiquement le ridicule commun. II. L'IRONIE DE FLAUBERT À L'ENDROIT DES DEUX RÊVES A. La ridiculisation du rêve de Charles 4 Flaubert souligne le fait que les préoccupations de Charles sont exclusivement matérialistes, comme l'attestent les nombreuses occurrences du champ lexical de l'argent et de l'économie : coûterait louer économiserait le revenu placerait caisse d'épargne achèterait actions clientèle Le rêve de Charles paraît ainsi terriblement prosaïque et Charles empile en effet les clichés naïfs, les images d'Épinal, comme Flaubert le suggère par l'accumulation de vérités générales au lexique simpliste : Elle allait grandir maintenant ; chaque saison, vite, amènerait un progrès. [...]
[...] I,6 sur les lectures d'Emma). Non seulement les fantasmes d'Emma sont ceux que l'on trouve dans les romans sentimentaux, mais en plus Flaubert, dans une parodie des voyages romantiques, les superpose ici de manière ironique et en fait sentir la fadeur : o le romancier souligne d'abord ironiquement le vague de cette imagination ; la rêverie d'Emma est en effet marquée par l'indéfini : vers un pays nouveau quelque cité des dômes, des ponts, des navires un village de pêcheurs des cabanes une maison basse un palmier Cette indéfinition trouve son apogée ironique avec le pronom neutre qui la résume : cela (l.28). [...]
[...] Le lecteur peut ainsi prendre pour des remarques du narrateur ce qui n'est que l'expression de la pensée ou des paroles du personnage. Nota bene : c'est un des éléments qui n'a pas été compris par le procureur Pinard lors du fameux procès contre le roman en janvier 1857. Il a attribué au narrateur les pensées du personnage et en a ainsi conclu que le roman faisait l'apologie de l'adultère, sans comprendre la distance ironique entre Flaubert et son personnage féminin. [...]
[...] Exaspérée par sa belle-mère, Emma supplie son amant de l'enlever. En attendant, la jeune femme calme son impatience et berce son ennui en rêvant tout éveillée dans le lit conjugal. En deux tableaux symétriques, Flaubert présente alors les rêves éveillés de Charles et d'Emma : là où le premier aspire à une vie simple et heureuse entre sa femme et sa fille, Emma s'imagine avec Rodolphe dans des pays lointains. Problématique de lecture : quelle vision Flaubert donne-t-il des rêves de ces deux personnages et que tire Flaubert de leur présentation en un diptyque ? [...]
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