Sonnet XIV de Louise Labé exploitant les thèmes du temps qui passe et de la nécessité du désir d'amour pour pouvoir vivre. Il s'inscrit ainsi sous l'influence de Pétrarque. En effet, dans son oeuvre Canzoniere, il avait prêté une attention particulière à ses thèmes comme le montrent les sonnets V, LVI, CLXVIII par exemple (...)
[...] En effet, dans son œuvre Canzoniere, il avait prêté une attention particulière à ses thèmes comme le montrent les sonnets LVI, CLXVIII par exemple. Ces mêmes thèmes s'inscrivent dans l'évolution du recueil. Dès le premier sonnet, la présence d'Ulysse évoque le temps et la patrie perdus et retrouvés. La vaine durée apparaît au sonnet III : O longs désirs, O espérances vaines et au sonnet IV, le point symbolique de l'existence se révèle et marque une naissance au monde et à soi. Depuis qu'Amour cruel empoisonna Premièrement de son feu ma poitrine Une temporalité s'installe. [...]
[...] Un esprit qui rêve d'amour pour pouvoir écrire, créer, pour être en relation et donc être. Cependant, l'esprit et le corps se complètent et ne se dissocient pas. Le désir présent dans l'esprit fait émouvoir le corps, et le corps pouvant s'exprimer entraîne le désir de l'esprit. La poétesse est ici à la fois esprit et corps, elle désire, elle s'exprime et donc vit. La seconde partie du poème est une réponse à la première partie : le Tant que répété trois fois dans le 1er mouvement du sonnet semble répondre au depuis que introduit au sonnet IV. [...]
[...] Un nouveau sujet apparaît : je L'amant a disparu. L'être se construisant par la relation, le désir par le monde extérieur, ce je solitaire semble voué à la non-existence. L'allitération en dans les 4 derniers vers du sizain, annonce inexorablement la Mort. De plus, nous pouvons remarquer, dans ce sizain aux rimes croisées, qu'il y a qu'une seule rime féminine mais qui est révélatrice : impuissante rime avec amante. A travers ce sonnet, la poétesse prend une distance avec l'objet du désir lui-même. [...]
[...] Cela fait échos aux sonnets VII et IX. Nous pouvons constater que le verbe pouvoir apparaît 4 fois dans le poème en étant mis en évidence, soit par l'accent de césure : Vers 1 : Tant que mes yeux pourront larmes épandre Vers 5 : Tant que ma main pourra les cordes tendre Soit du fait qu'il soit placé en début de vers : Vers 4 : Pourra ma voix, et un peu faire entendre : Vers 13 : Ne pouvant plus montrer signe d'amante. [...]
[...] Le but n'est pas de parvenir à la fusion, le désir n'a pas à être satisfait mais à être vécu. Ecrire, aimer, penser, être ne se font pas seul. L'altérité est nécessaire pour vivre et se construire. Par ailleurs, Louise Labé s'oppose, à nouveau mais différemment que dans les sonnets VII et IX, à la tradition néo-platonicienne en ne séparant pas le corps de l'esprit. [...]
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