Marguerite Duras, "Le Ravissement de Lol V. Stein" : modernité du projet romanesque

Résumé du document

I. Jacques Hold : narrateur et personnage

1 Le narrateur : Position complexe dans le roman car il commence par se présenter dans l'incipit comme narrateur d'une histoire que lui même n'a pas vécu. Pourtant il reste dans l'ambiguïté puisqu'il dit en m temps que Lol V Stein a une importance dans sa vie. Il semble là pour raconter l'histoire d'une jeune fille dont la position comme héroïne est renforcée par le fait qu'il commence par la mention de sa naissance et que son nom est dans le titre même du roman.
Cette situation perdure jusqu'à la fin du chapitre 07 (p.74) où on découvre en fait qu'il est un personnage à part entière dans le roman (...)

Extraits

[...] Le récit devient d'ailleurs une parole, un discours, celui de qq 1 qui raconte une histoire au lecteur pour le prendre à témoin. Partie 4. Le retour à T. Beach : C'avait été par ce train qu'elle était repartie nous voyons venir la station balnéaire (p.174-175) Problématique : quel est le but de ce retour à T. Beach ? mémoire de Lol ? place de Jacques Hold dans ce processus de mémorisation ? S'agit-il de se souvenir du bal pour Lol et dès lors comment le souvenir surgit-il ? Ou bien s'agit-il pour Jacques Hold d'effacer ce souvenir ? [...]

[...] En tout cas la présentation de Lol se fait de l'extérieur : on n'a rien de sûr sur ce qu'elle a pu penser ou être vraiment, juste interprétation des autres. Son caractère est décrit avec précision (qualificatifs moraux) : charmantes jolie drôle moqueuse impertinente ; Pourtant alors qu'elle semble de ce fait sûre d'elle et sociable on nous dit juste ensuite qu'elle indifférente dans un ennui tranquille avec un coeur inachevé Paradoxe du personnage et incompréhension. Le personnage est surtout défini par son absence : être là (l.44 + 63) (adverbe de lieu qui permet de désigner dans la situation d'énonciation). [...]

[...] La question se pose parce qu'il semble être dans son mode de narration un manipulateur vis-à-vis du lecteur. Ensuite, seuls l'intéressent les moments qui ont contribué à provoquer la "minute magique à laquelle je dois d'avoir connu Lol V. Stein". On ne peut donc pas considérer qu'il a un point de vue objectif sur Lol et ce qu'il nous dit d'elle ne peut être contre dit. Il nous donne sa vision du personnage. Cependant ses incohérences, ses hésitations mais aussi sa manière de se de placer comme un objet que manipule Lol le rendent suspect aux yeux du lecteur Est-il vraiment un objet dans les mains de Lol ? [...]

[...] Cependant, dans la relation triangulaire avec Tatiana, il semble parfaitement le jeu imposé et cela semble augmenter encore le désir et l'érotisation de la scène. Si pour Lol, il s'agit dans cette triangulation de prendre symboliquement la place de Tatiana, lui cherche plutôt à remplacer M. Richardson. Ainsi il semble obsédé par l'idée que l'origine de la folie de Lol est liée au bal : quelque chose a été ravie à Lol (son identité peut être) à travers son fiancé. [...]

[...] Le monde devient alors absurde comme le dévoilent les romans de Franz Kafka (voir extrait du Procès p.298). C'est ce que désigne bientôt l'expression le labyrinthe du monde L'homme devient alors un étranger dans un monde qu'il ne comprend pas (voir l'attitude de Meursault dans L'Etranger d'Albert Camus p.314). Il est sans identité stable (c'est l'Orlando de Virginia Woolf p. 291), indécis et sans caractère marqué (c'est le héros de L'Homme sans qualités de robert Musil p. 293). L'apparition du mouvement En 1953 Alain Robbe-Grillet publie un roman Les Gommes qui obtient un prix littéraire contesté par un journaliste qui utilise de manière péjorative à son encontre le terme de nouveau roman La polémique s'étend à l'éditeur Jérôme Lindon (Les Editions de Minuit) dont on discute les choix éditoriaux. [...]