Marthe Robert énonce, dans la "Tyrannie de l'imprimé", que : "ce qui importe d'abord dans la vie, selon un rabbin du Talmud : transformer son miroir en une fenêtre ouverte sur la rue. C'est aussi la loi de toute littérature vraie, la fausse étant celle où l'auteur se contente de se contempler, en prétendant de surcroît que le lecteur y trouvera autant de joie qu'il en a pris lui-même à sa propre image.". Mais en quoi la littérature qui consisterait à une introspection, à la contemplation de soi serait-elle « fausse » ou à l'opposé d' « une fenêtre ouverte sur la rue ? » (...)
[...] Ils se meuvent dans notre monde et semblent vraisemblables. Ils constituent une fenêtre sur la rue Stendhal a d'ailleurs énoncé dans le Rouge et le Noir que le roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Par 'ailleurs, Marthe Robert semble désigner un coupable qui prétend de surcroît que le lecteur y trouvera autant de joie qu'il en a pris lui-même à sa propre image. Des auteurs comme Rousseau cherchent à se donner en exemple. Rousseau, avec une affirmation orgueilleuse de ce qu'il est ouvre une fenêtre sur lui-même : Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. [...]
[...] Aragon a un double en la personne d'un linguiste, Geoffroy Giffier, né le même jour que lui, ayant rencontré la femme aimée la même année que lui, mais ayant eu la douleur de la voir partir. Aragon travaille à dévoiler à tout instant dans son texte romanesque l'envers de la fiction et, en même temps, la fiction devient l'envers de sa vie. Le danger d'une littérature qui se regarde trop est qu'elle risque d'être close sur elle-même. C'est ce que l'on peut appeler la tentation de la métalittérature au XXème siècle. [...]
[...] Il a pourtant noué avec son lecteur une nouvelle relation, fondée sur le partage de sentiments et d'émotions communs à tous les hommes. C'est au lecteur qu'il fait porter le rôle de juge et c'est une immense responsabilité même s'il l'a entrepris avec narcissisme. En somme, la littérature vraie se doit de transformer son miroir en une fenêtre ouverte sur la rue. comme l'énonce Marthe Robert. Elle doit révéler le monde et même aller au-delà, nous le voyons avec le surréalisme et le symbolisme. [...]
[...] Néanmoins, un auteur se contente il toujours de se contempler ? Il se contemple dans le but de nous faire voir qui il est. Il transforme son propre reflet en une fenêtre sur la rue. et même s'il prétend que le lecteur y trouvera autant de joie qu'il en a pris lui-même à sa propre image il cherche encore à partager sa vision. [...]
[...] Nul n'a été plus sensible au vieillissement que Ronsard : Ma douce jouvence est passée,/ Ma première force est cassée, / J'ai la dent noire et le chef blanc,/ Tant j'ai le corps froid, ne sont pleines/ Que d'une eau rouge au lieu de sang. Elle donne à voir ce que nous connaissons peu ou beaucoup. Louis Aragon dans Chronique du Bel Canto énonce que La poésie est le miroir brouillé de notre société. Quant au roman, à partir du XVIème siècle, il s'inscrit progressivement dans la réalité. Les personnages, le plus souvent fictifs, vivent et agissent dans le monde réel et non plus dans celui des mythes ou des légendes. [...]
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