Laclos, "Les Liaisons dangereuses", Lettre 141 : commentaire

Résumé du document

Cette lettre de rupture rédigée par Mme de Merteuil et recopiée par Valmont pour Mme de Tourvel dégage un cynisme et une brutalité particulière.
En effet, nous pouvons tout d'abord remarquer que les phrases sont extrêmement sèches. "Si donc", "si", "il suit de là" relèvent d'une logique qui dénote une certaine absence d'émotivité puisque c'est ici une simple démonstration sans appel.

De plus, certains propos tendent vers l'ironie dans la mesure où le destinateur se donne un air condescendant comme avec "mon ange" qu'il adresse à plusieurs reprises à sa destinataire alors que son seul objectif est de rompre et blesser (...)

Extraits

[...] La musicalité de la forme entretenue par le refrain ce n'est pas ma faute et la répétition de mon Ange amène à penser que le destinateur est bienveillant, que son but n'est pas de montrer sa méchanceté mais son innocence. En fait, l'objectif de la lettre repose sur l'unique volonté de rompre, mais les moyens employés sont détournés. Valmont passe ici pour un homme de mauvaise foi hypocrite ! 3 ) Comment le libertinage détruit-il les supports du sentiment ? Dans quelle mesure Valmont est-il trompé par l'excessive conscience de sa supériorité ? Le libertinage, incarné par Valmont mais davantage par Mme de Merteuil détruit en permanence les supports du sentiment. [...]

[...] Ici, le destinateur montre tout simplement qu'il ne supporte pas qu'une femme s'attache à lui, qu'elle le colle, en quelque sorte ; impitoyable tendresse est une structure oxymorique qui, une fois de plus, prouve que la seule coupable est l'amante, celle qui l'a trop aimé, et non pas lui ! Ainsi va le monde termine la lettre sur un présent de vérité générale qui va dicter en quelque sorte l'avenir. Ici encore, la responsabilité de la rupture ne dépend pas entièrement de notre destinateur, à savoir ici Valmont, mais est ancrée depuis un certain temps dans les mœurs. [...]

[...] Il n'est pas du tout courageux et n'assume pas ce qu'il ressent, ce qu'il pense : il montre sa faiblesse. Ainsi, inconsciemment, Valmont rend sa vision de l'amour tout à fait autre de ce qu'il l'éprouve en réalité pour Mme de Tourvel. Il se retrouve déjoué par le rôle de maître qu'il prend sur la relation qu'il a avec Mme de Tourvel car au fond, il a non seulement été humilié par Mme de Merteuil mais va aussi devoir subir quelque chose de nouveau : le trouble, dû à l'absence de la personne aimée. [...]

[...] En effet, ce texte fonctionne sur une gradation basée sur la gravité des attaques lancées à la destinatrice, en l'occurrence la présidente Mme de Tourvel. Le début de la lettre est donc beaucoup moins blessant que la fin. On passe effectivement de présents de vérité générale on s'ennuie c'est je m'ennuie à des passés composés marquant la rupture m'a occupé j'ai eu je t'ai trompée etc), pour en finir sur un futur je te reviendrai peut-être) dévoilant la cruauté du destinateur. [...]

[...] En effet, nous pouvons tout d'abord remarquer que les phrases sont extrêmement sèches. Si donc si il suit de là relèvent d'une logique qui dénote une certaine absence d'émotivité puisque c'est ici une simple démonstration sans appel. De plus, certains propos tendent vers l'ironie dans la mesure où le destinateur se donne un air condescendant comme avec mon ange qu'il adresse à plusieurs reprises à sa destinataire alors que son seul objectif est de rompre et blesser. C'est lui qui fait la loi, qui décide de l'avenir, comme avec par exemple je te reviendrai peut-être : en fait, il est très peu probable, voire complètement impossible, que cela arrive. [...]