Dissertation portant sur <em>Les liaisons dangereuses </em>(de Laclos). Etude des liaisons entre les différents personnages du roman, leur liaison épistolaire, ainsi que la liaison entre l'auteur et son lecteur.
[...] On constate le même effet lorsqu'un épisode est raconté par plusieurs personnages à des destinataires différents (lettres XXI et XXII), ou quand un même destinataire reçoit plusieurs récits d'un même épisode (lettres XCVI et XCVII) ; enfin, lorsqu'un même destinataire envoie la même lettre à des destinataires différents (lettre XLVIII adressée à Tourvel et envoyée à Merteuil, comme précisé dans la lettre XLVII). Enfin, les libertins exercent dans la lettre leur maîtrise de l'écriture et jouent double jeu. En effet, ils s'amusent à pervertir l'échange épistolaire. Tout d'abord, la lettre ne vise pas toujours la personne à qui elle est adressée. Par exemple, Valmont écrit à Tourvel, mais, par son jeu de séduction, c'est Merteuil à qui il cherche à plaire, à défier. On est donc ici en présence de deux destinataires ; l'un explicite, l'autre implicite. [...]
[...] vous avez là un bien bon ami, je vous assure ! Il fait tout comme vous feriez vous-même (lettre CXVII). D'autre part, l'auteur offre une morale ambiguë, une morale double. En effet, à l'issue de ce roman, deux morales s'offrent au lecteur. La première est celle platement affichée par le rédacteur dans sa préface, à savoir le triomphe de la vertu et la perte des libertins. C'est d'ailleurs aux personnages vertueux (Madame de Rosemonde, Madame de Volanges) qu'est laissé le dernier mot comme symbole du retour à l'ordre. [...]
[...] Le roman épistolaire permet une liaison, une relation de complicité entre l'auteur et son lecteur. Selon Jean Rousset, dans Le Lecteur intime, les avantages de la lettre dans le roman sont que le lecteur est contemporain de l'action ; il est immergé dans le présent qui est en train de se construire ; il est dans la position du destinataire, au cœur de l'intrigue. Ainsi, la lettre répond à la demande de vraisemblance du lecteur. Le fait qu'il n'y ait pas de narrateur le plonge en effet au cœur de l'action (mode in media res). [...]
[...] Il convient don de s'intéresser à ces lettres, qui constituent l'intrigue des Liaisons dangereuses. Le roman est épistolaire ; ainsi, c'est la correspondance entre les personnages qui constitue l'intégralité de l'intrigue. Le roman lui-même donne le pas à ce type d'échange, par la distance physique qui sépare les différents protagonistes. La lettre, parce qu'elle exige du temps et n'instaure que des rapports débarrassés de la présence physique, favorise l'exercée de l'intelligence et la manipulation calculatrice. La liaison épistolaire creuse donc encore plus le fossé entre les libertins et leurs victimes. [...]
[...] C'est dans ce sens une satire de la société. Malgré sa fin tragique, c'est un roman plein d'humour ; humour qui est principalement dû aux jeux épistolaires de Valmont et de la marquise ; ce qui engendre la sympathie de la part du lecteur pour ces deux personnages. De plus, l'ambiguïté de la morale laisse au lecteur le choix de son camp On peut alors se demander qu'elle était l'intention de Laclos en écrivant cette œuvre : la condamnation ou l'apologie du libertinage ? [...]
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