Le genre épistolaire désigne d'abord les lettres réellement écrites pour êtres lues et envoyés, comme celles qu'adressait Madame de Sévigné à sa fille tout en sachant qu'elles circuleraient dans de nombreuses mains. Ce genre de comporte également des récits qui se sont servis de la forme des lettres comme moyen d'expression. Ainsi, des personnages fictifs échangent une correspondance suivie dans Les Liaisons dangereuses de Laclos par exemple, où Valmont et Merteuil s'écrivent souvent pour se raconter leurs conquêtes respectives (...)
[...] Le récit de cette bonne action et la présentation qu'il fait du contexte lui permet de dresser le portrait de son personnage. En effet, tout au long de sons récit, Valmont n'hésite pas à s'octroyer toutes les qualités qui sont possibles. Il passe ainsi de la générosité à la noblesse en y mêlant l'émotion ressentie. Il débute alors en se désignant comme étant un être compatissant face à la délicate situation de la famille ma généreuse compassion Il est, de plus, un homme généreux et noble puisqu'il paie sans hésiter la somme de cinquante six livres. [...]
[...] Cependant, il y inclut un portrait de lui-même: un Valmont bon et généreux, cherchant à séduire la Présidente de Tourvel, qu'il dénigre lorsqu'il s'adresse à la Marquise. On peut donc noter qu'il se dédouble ici clairement sous les yeux du lecteur et que cela nous permet de mieux percevoir son personnage. Il est évident que Valmont ne veut pas perdre son statut de libertin, ni l'amour qu'il éprouve pour Madame de Tourvel. Il se retrouve ainsi confronté à deux parts de lui-même totalement opposées. [...]
[...] De plus, son but [ . ] rempli il s'empresse de se dégager d'eux tous et de regagner le château de Madame de Rosemonde, sa tante, où l'attend la présidente. Il n'a donc aucune morale. Il espère séduire Madame de Tourvel par son générosité elle qui est une femme douce et sensible aux autres, pieuse. Il espère la conquérir et en utilisant cette ruse il n'aura pas de reproche à se faire puisqu'il aura utilisé son argent et son esprit ! [...]
[...] De plus, nous remarquons la présence du destinataire ma belle amie Valmont vouvoie Madame de Merteuil puisque cela était de rigueur en 1782. Nous pouvons également nous rendre compte qu'il s'agit d'une correspondance suivie grâce à la formule le reste à l'ordinaire prochain La lettre se termine par une formule d'adieu: adieu ma belle amie ce qui nous permet d'affirmer que nous avons bien affaire à une lettre privée et fictive. Dans cette missive, Valmont cherche à relater la situation d'une famille désespérée, ruinée, qui n'a pas d'argent pour payer ses dettes. [...]
[...] C'est pour cela qu'il s'applique à annoter ses bonnes actions de commentaires du Valmont que la Marquise connaît bien. Voilà donc le dessein du Vicomte, s'attirer les faveurs de celle qu'il convoite tout en gardant celle de son amie, séductrice et libertine, à laquelle il fait part de ses conquêtes qu'ils voient tous deux comme un jeu entre eux: c'est à celui qui fera le plus souffrir ses proies. Ainsi, cette lettre privée et fictive, adressée à La Marquise de Merteuil, respectant les codes de la lettre, les marques de l'épistolaire, a pour but explicite de faire le récit de la réussite de Valmont durant son honorable don. [...]
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