Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos et son adaptation filmique par Stephen Frears traitent des relations épistolaires de deux libertins du XVIIIème siècle, racontant leurs diverses conquêtes. Néanmoins, le troisième personnage écrivant le plus de lettres est Madame de Tourvel, une femme vertueuse. Pourquoi donc conférer une si grande importance à cette figure de la vertu quand le roman et son adaptation cinématographique semblent, à première vue, faire état du libertinage ?
[...] Madame de Tourvel, candide, protège Valmont en parlant de l'opinion mauvaise qu'il traîne : il vaut mieux que celle-ci Valmont pousse le vice à son apogée lorsqu'il se sert d'Emilie comme pupitre érotique pour écrire une lettre enflammée à madame de Tourvel. Cette dernière est convaincue de l'amour de Valmont et qu'elle pourra le changer par l'utilisation de la vertu. En vain. Elle cédera à ses avances, issue inexorable d'un combat sans relâche entre ses convictions, sa raison, et sa passion. Pourtant, à la demande de Merteuil, Valmont lui enverra une lettre, véritable plaidoyer où il lui annonce qu'il la quitte et qu' ainsi va la vie. [...]
[...] Il est d'ailleurs dit dans le film qu'elle est un femme célébrée pour ses vertus morales, sa ferveur et l'éclatant bonheur de son mariage La marquise quant à elle a été mariée jeune et est rapidement devenue veuve. Au fil de l'œuvre, on comprend que ce personnage aime à se jouer des hommes compte tenu du fait qu'elle entretient successivement ou parallèlement des liaisons avec Prévan, Belleroche, Valmont et Danceny. Ensuite, la présidente de Tourvel est bigote et dévote. Elle fait figure de sainte, de pureté dans sa dévotion à ses préceptes religieux. [...]
[...] En effet, ce dernier, comme il est mis en scène dans le film de Frears, lors du duel avec Danceny, semble s'empaler lui-même sur l'épée du Chevalier et le fait qu'il donne les lettres qui compromettent son amie la marquise à Danceny pour les rendre public, fait pitié au spectateur et invite à reconsidérer ce personnage immonde en apparence, à soulever le masque du vice. Pour conclure, le personnage de madame de Tourvel semble être la clef de voûte des Liaisons Dangereuses en ce qu'elle permet une meilleur approche du caractère libertin dans sa plus fine nuance et qu'elle moralise l'œuvre dans sa position de victime, d'héroïne tragique. [...]
[...] Parmi toute cette démonstration du vice libertin, Madame de Tourvel semble faire office de moralisation de l'œuvre. Ainsi, bien que poussée presque à la caricature chez Laclos, cette personne bigote et dévote semble donner un exemple à suivre comparé à celui de Madame de Merteuil. Certes, Tourvel meurt à la fin, mais l'exclusion de Merteuil n'est-elle pas pire que la mort ? La mort sociale n'est-elle pas pire que la mort physique ? D'autant plus que Tourvel semble mourir en héroïne tragique : sa relation avec Valmont ne la pervertira pas mais l'ancrera d'autant plus dans sa lutte entre passion et raison, ce qui est tout à son honneur. [...]
[...] Madame de Tourvel Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos et son adaptation filmique de Stephen Frears traitent des relations épistolaires de deux libertins du XVIII è siècle, racontant leurs diverses conquêtes. Néanmoins, le troisième personnage écrivant le plus de lettres est madame de Tourvel, une femme vertueuse. Pourquoi donc conférer une si grande importance à cette figure de la vertu quand le roman et son adaptation cinématographique semblent, à première vue, faire état du libertinage ? Ce personnage permet à Laclos de mettre la vertu au service de la démonstration du vice libertin, d'une part en ce qu'il s'oppose radicalement au personnage de la marquise de Merteuil et d'autre part en étant victime du détournement du vicomte de Valmont. [...]
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