Le roman paraît en 1782, soit sept ans avant la Révolution, bien après les grandes oeuvres des Lumières, bien après la vogue des romans libertins.
Malgré la visée morale que son auteur a voulu lui donner, il a été longtemps considéré comme un roman sulfureux tout en rencontrant un grand succès à sa parution, les contemporains l'ayant lu comme un roman à clés (...)
[...] Sous l'exemple de Louis XVI, les mœurs redeviennent plus sages et le vice se dissimule. Au petit maître succède le "roué" dont Valmont est le parfait prototype : séducteur, aimable, jouant à l'honnête homme, au langage raffiné ; son plaisir du double jeu, de l'hypocrisie (mais déjà Don Juan voulait se convertir à l'hypocrisie) le rend encore plus redoutable. C'est de cette génération que Laclos a voulu faire le portrait à travers ses deux libertins. IV- LE ROMAN DE LACLOS À LA CROISÉE DE DEUX GENRES L'œuvre de Laclos qui connaît un grand succès est l'unique roman de cet écrivain qui n'a rien publié de significatif avant 1782. [...]
[...] Le règne de Louis XVI commence en 1774. Le roi est sourd aux aspirations des penseurs éclairés. Par ailleurs, la participation de la France à la guerre d'indépendance américaine entraîne une crise économique et monétaire. Le peuple écrasé d'impôts vit dans un état de grande misère. Affamé par les mauvaises récoltes, il se révolte. Le roman de Laclos, évoluant uniquement dans le milieu aristocratique ne rend pas compte de cette situation politique, toutefois dans la lettre XXI qui raconte l'acte de charité de Valmont, on trouve l'écho de la misère des paysans saisis parce qu'ils ne peuvent payer leurs impôts. [...]
[...] (Voir Que la fête commence de B.Tavernier) La classe aristocratique réduite par Louis XIV au statut de "singes de cour" s'ennuie, partageant ses loisirs entre l'amour et le plaisir de dire du mal de ses pareils. Cette aristocratie qui a oublié les valeurs féodales, méprise férocement les valeurs de la bourgeoisie : travail et morale. Le roman de Laclos renvoie l'image d'une aristocratie décadente, sans aucun poids politique, vivant dans un univers mondain régi par les lois de l'apparence, la satisfaction des plaisirs. Après la guerre de sept ans (1763), le régime monarchique est affaibli, mais avec la paix, la France retrouve une situation florissante : début de l'industrialisation et développement du commerce. [...]
[...] Les Liaisons dangereuses sont publiées à Londres et à Genève. Ce n'est pas par hasard que Mme de Merteuil se réfugie en Hollande à la fin du roman. L'intérêt pour les débats d'idées privilégie la forme dialoguée dans les essais, dans les romans (Le Neveu de Rameau) et en particulier dans les romans épistolaires. III- LE LIBERTINAGE Le terme "libertin" vient du latin "libertinus" qui dans la Rome antique désigne l'esclave affranchi par opposition à l'homme libre. Le mot apparaît au XVIème siècle dans un sens péjoratif. [...]
[...] Le XVIII ème siècle prend fin avec les romans de Sade qui poussent le libertinage au paroxysme de la violence et du mépris de l'autre. Quant à Laclos, il envisage d'écrire un second roman pour démontrer "qu'il n'existe de bonheur que dans la famille mais son projet n'aboutit pas. [...]
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