Commentaire de texte de la lettre 13 "Sur Locke" du recueil Les Lettres philosophiques de Voltaire. Dans cette lettre, le fameux écrivain et philosophe des Lumières entreprend un véritable travail de vulgarisation du travail de John Locke. Mais derrière cette lettre appartenant à une série consacrée aux sciences, se cache une critique des théologiens, les "raisonneurs".
[...] Locke est aussi un scientifique qui sait hésiter il ose aussi douter l.4-5), et ces hésitations le mènent à la réflexion : il a donc bien une démarche scientifique. Ainsi, Voltaire a opté pour le genre épistolaire afin de toucher, par sa forme plaisante, un plus large public. Il y fait l'éloge de John Locke mais derrière ce discours se trouve une véritable critique Tout au long de cet extrait, Voltaire critique d'une part les théologiens de façon le plus souvent explicite et d'autre part la France de manière implicite. A travers l'éloge de John Locke, Voltaire entreprend une véritable critique des théologiens. [...]
[...] Ce talent, il l'a employé notamment dans les Lettres Philosophiques (1734), premier ouvrage polémique de Voltaire, qu'il écrivit lors de son exil en Angleterre à la suite de la querelle qui l'opposa au Chevalier de Rohan. Nous allons commenter La lettre XIII qui fait partie d'une série de lettres consacrées aux sciences. Voltaire y exprime son admiration pour le philosophe anglais John Locke. Dans une première partie, nous essaierons d'expliquer le choix littéraire de Voltaire et nous en étudierons l'objet : Locke. Dans la seconde partie, nous nous interrogerons sur les cibles de la critique et les intentions de l'auteur. Voltaire a choisi le genre épistolaire. Quelles en sont pour l'argumentation ses avantages ? [...]
[...] Voltaire évoque à plusieurs reprises la sagesse mais aussi la modestie de ce grand philosophe. En effet, nous observons deux occurrences du mot "sage" l.1 et l.30 ainsi que de nombreuses allusions à son talent et à son acharnement vient enfin à considérer [ . ] le néant des connaissances humaines" l.26-27). Nous remarquons un réseau lexical très étendu de la modestie ("modestement" l.2, "il ose aussi douter" l.4-5, "ceux qui en savent plus que moi" l.10, "modestement" l.27). Etre modeste est déjà une qualité mais si cette modestie est associée à un savoir-faire, le mérite en est d'autant plus grand. [...]
[...] Par ailleurs, Descartes était français alors que Locke était anglais. C'est peut-être l'occasion pour Voltaire, à travers ses deux personnages, d'assouvir sa rancune contre l'ingratitude de son pays. L'utilisation de l'adjectif indéfini quelques à la ligne 32 quelques Anglais, dévots nous laisse supposer que les théologiens faisant l'objet de ses critiques sont majoritairement non anglais et probablement français. Mais toutefois, l'objectif de Voltaire est beaucoup plus ambitieux : faire une critique de la société française. Voltaire plaide en faveur de la tolérance renverser la religion l.34, examiner sans aigreur l.36) et lutte contre le fanatisme les superstitieux l.32). [...]
[...] Comme d'autres philosophes des siècles des lumières, il a su redonner ses lettres de noblesse à la correspondance et l'utiliser pour transmettre des idées. Contrairement à Montesquieu avec les Lettres Persanes, les Lettres Philosophiques, premier ouvrage polémique de Voltaire seront censuré en France lors de leur publication. Par la suite, Voltaire saura utiliser la forme argumentative indirecte qu'est le conte philosophique (Zadig 1748, Candide 1759, Micromégas 1752, Jeannot et Colin, 1764) pour détourner la censure et mieux répandre ses idées. On retrouvera d'ailleurs Locke dans Micromégas paru en 1752. [...]
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