Le sentiment dominant des Persans
L'étonnement lors de la découverte de Paris est bien le sentiment qui intervient le plus souvent dans la lettre de Rica. On relève ainsi :
- Tu ne le croirais pas peut-être, ligne 9
- je n'ai eu à peine que le temps de m'étonner, lignes 20-21
- Ce que je te dis de ce prince ne doit pas t'étonner, ligne 35.
(...)
[...] Ce sera le roman par lettres, roman épistolaire, dont il est fier de s'affirmer le précurseur. En 1721, il fait paraître un écrit anonyme, publié à Amsterdam : les Lettres persanes qui exposent des Orientaux imaginaires qui mettent en pratique un regard qui préfigure ce que sera celui de la sociologie. L'impertinence du texte choque quelques intellectuels. Cependant, le succès est tel que Montesquieu doit accepter plus ou moins officiellement d'en reconnaître la paternité, en dépit de ses déclarations dans la courte introduction : C'est à condition que je ne serai pas connu ; car, si l'on vient à savoir mon nom, dès ce moment, je me tais. [...]
[...] Il réussit à l'égard du prince, qui se soumit aussitôt et donna l'exemple à ses 45 sujets. Mais quelques-uns d'entre eux se révoltèrent et dirent qu'ils ne voulaient rien croire de tout ce qui était dans cet écrit. Ce sont les femmes qui ont été les motrices de toute cette révolte, qui divise toute la Cour, tout le royaume et toutes les familles. Cette Constitution leur défend de lire un livre que tous les chrétiens disent avoir été apporté du Ciel : c'est proprement leur Alcoran. [...]
[...] Montesquieu se sert de références à la Perse pour donner à sa lettre une apparente réalité. On relève ainsi : - le locuteur et le destinataire, Rica et Ibben, ainsi que la ville de destination de la lettre, Smyrne - le lieu d'énonciation ainsi que la date : De Paris, le 4 de la lune de Rebiab Le nom du mois est un nom persan du calendrier rapporté par Chardin dans le Voyage en Perse et aux Indes orientales mais Montesquieu situe ce mois exotique, non pas dans le calendrier musulman, qui débute le 16 juillet 622, mais dans le calendrier chrétien, en sorte, probablement, que le lecteur ne se sente pas trop perdu. [...]
[...] Le manque de connaissance de Rica sur la religion chrétienne souligne l'incohérence non pas de la foi individuelle, mais de l'institution Église et de la puissance politique que détient le pape. Conclusion La lettre XXIV est représentative de l'ouvrage des Lettres persanes. En effet, elle permet de retrouver les éléments fondamentaux de la démarche de Montesquieu : -l'étonnement, permettant une autre perception des événements -la fiction orientale, permettant de faire croire au lecteur qu'il s'agit d'une véritable correspondance entre Persans. [...]
[...] C'est là le moyen d'échapper à la censure, tout en introduisant un regard extérieur sur la réalité européenne -la critique de la société européenne du XVIIIe siècle, du mode de vie des français (comportements, traditions, croyances et mœurs), de la politique de Louis XIV et de la religion. On peut rapprocher ce texte de Prière à Dieu ou de l'article Autorité politique de l'Encyclopédie de Voltaire. [...]
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