Le titre insiste sur la couleur exotique, très à la mode au XVIIIe siècle. Mais les Lettres persanes inversent le voyage de découverte de l'époque : c'est l'Orient qui découvre l'Occident, et Montesquieu invite son lecteur à poser sur sa propre civilisation le regard critique, extérieur, qui aurait été le sien en voyage à l'étranger.
La lettre III est une lettre d'une des épouses d'Usbek, Zachi, femme plutôt sensuelle, qui évoque avec nostalgie la sensualité du harem et l'érotisme des jeux qu'exigeait d'elle son maître.
À une époque où l'Orient est à la mode, Montesquieu compose quarante lettres qui forment la correspondance d'Usbek avec son harem et permettent une peinture haute en couleur du sérail : les femmes, belles, jeunes, mais frustrées et privées de toute forme de liberté offrent en quelque sorte au lecteur occidental une peinture du sort des femmes en Perse, et un contraste marqué avec la parisienne (...)
[...] Les seuls sentiments causés par son absence relèvent plus de la frustration que du désespoir, ce que souligne indiscutablement le dernier paragraphe (lignes 33 à 39). II- La tyrannie d'Usbek Bien qu'il en soit le destinataire et que Zachi éprouve pour lui une véritable vénération, Usbek apparaît dès le début tyrannique plus qu'amoureux (Mais tu fis bientôt céder ces charmes empruntés à des grâces plus naturelles : tu détruisis tout notre ouvrage. Il fallut nous dépouiller de ces ornements qui t'étaient devenus incommodes ; il fallut paraître à ta vue dans la simplicité de la nature (lignes 14 à et désireux d'exiger toujours plus de ses épouses plutôt qu'amoureux de leur beauté (tu portas tes curieux regards dans les lieux les plus secrets ; tu nous fis passer en un instant dans mille situations différentes, lignes 21-22). [...]
[...] Au contraire, elle se souvient des caprices dégradants d'Usbek : Mais tu fis bientôt céder ces charmes empruntés à des grâces plus naturelles : tu détruisis tout notre ouvrage (lignes 14-15) ou encore son aboulie marquée par l'adverbe longtemps : Nous te vîmes longtemps errer d'enchantements en enchantements : ton âme incertaine demeura longtemps sans se fixer (lignes 18 à 20) et surtout la multiplicité de ses exigences : toujours de nouveaux commandements et une obéissance toujours nouvelle (ligne 23). Les impératifs de la vie au harem Ils sont dominés par : - ceux de la jalousie entre épouses Ils apparaissent lorsque Chacune de nous se prétendait supérieure aux autres en beauté. Nous nous présentâmes devant toi après avoir épuisé tout ce que l'imagination peut fournir de parures et d'ornements (lignes 11 à 13) et sont à la base de la sensualité du harem. [...]
[...] Quoi ! tu comptes pour rien l'avantage d'être aimé ? Hélas ! tu ne sais même pas ce que tu perds ! Je pousse des soupirs qui ne sont point entendus ; mes larmes coulent, et tu n'en jouis pas ; il semble que l'amour respire dans le sérail, et ton insensibilité t'en éloigne sans cesse ! Ah ! mon cher Usbek, si tu savais être heureux. [...]
[...] Tantôt je me voyais en ce lieu où, pour la première fois de ma vie, je te 10 reçus dans mes bras ; tantôt, dans celui où tu décidas cette fameuse querelle entre tes femmes. Chacune de nous se prétendait supérieure aux autres en beauté. Nous nous présentâmes devant toi après avoir épuisé tout ce que l'imagination peut fournir de parures et d'ornements. Tu vis avec plaisir les miracles de notre art ; tu admiras jusques où nous avait emportées l'ardeur de te plaire. [...]
[...] La frustration ressentie par son absence indique clairement que c'est la personne qui fait le système : l'absence d'Usbek tend à prouver que l'ordre est susceptible de s'écrouler. Le lecteur perçoit déjà que son despotisme, alors qu'il exerce en philosophe sa raison loin de son harem, semble voué à l'échec. On comprendra alors la dernière lettre (Lettre CLXI, La mort de Roxane) dont la chute était annoncée dans le nom même de la favorite, Roxane, qui ne pouvait qu'évoquer l'héroïne de Racine. [...]
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