Commentaire composé de la lettre 9 extraite des "Lettres persanes" de Montesquieu. La lettre 9 est une lettre capitale de l'oeuvre car elle commence à dévoiler les rouages du sérail, les mécanismes de la tyrannie et les dangers qu'elle comporte. Document de 2400 mots.
[...] L'esclave est soumis à tous les caprices de son maître, même dans ses moments d'égarement rien ne peut me répondre d'un maître qui n'est plus à lui- même Cela s'avère d'autant plus dangereux que le maître est facilement manipulable par ses femmes Combien de fois m'est-il arrivé de me coucher dans la faveur et de me lever dans la disgrâce ? Remarquons que le moment où tout peut changer, c'est la nuit, pendant laquelle les femmes triomphent et manipulent. Montesquieu condamne ainsi cet asservissement, cet emprisonnement de l'homme dans la volonté d'un autre, enfermement symbolisé par le sérail, cette affreuse prison Enfin nous assistons ici à une critique du despotisme cruel. Le pouvoir absolu d'homme sur tout une société peut s'avérer dangereux. [...]
[...] Cependant cette lettre a aussi un grand intérêt romanesque car elle continue de dévoiler les rouages du sérail où les êtres sont plein de cruauté alors même qu'il est LE Lieu de la volupté de la douceur. Ces relations ambiguës, ces vie enfermée et frustrées, toute ces volontés de domination laissent prévoir les déchaînements de la fin du roman. [...]
[...] Aucun sentiment profond donc, hormis la volonté de puissance et de domination. Ces liens s'avèrent ici destructeurs pour l'eunuque qui mène une vie bien malheureuse. Montesquieu esquisse encore ici une condamnation de l'esclavage qui se poursuivra au fil du roman. Il donne un caractère révoltant à la décision de consacrer un homme à la garde de ses femmes. Comment peut-on ainsi disposer de la vie d'un homme ? milles menaces m'eut obligé eut formé le cruel projet : on entend dans cruel la voix de Montesquieu. [...]
[...] Cependant, Montesquieu, donne à cette lettre, au delà de son intérêt romanesque, une portée politique et morale, qui recoupe l'esprit général de son œuvre. III) Une lettre écrite par un moraliste des lumières. Tout d'abord, l'auteur porte un regard critique sur cette société orientale pleine de barbarie et de futilité. Il nous fait sentir toute la cruauté qu'il y a à faire castrer un homme avec un pathétique sensé émouvoir le lecteur. Ce pathétique est lié à l'absence d'espoir, au caractère définitif de la castration cinquante années j'ai toujours vécu de me séparer à jamais de moi-même Cet acte apparaît donc bien comme un acte barbare qui réduit à peu de chose la vie d'un homme. [...]
[...] Tout peut ici faire penser à la cour de Versailles décrite chez La Bruyère. Tous les efforts de chacun visent à entrer dans la faveur du seigneur pour obtenir un peut de pouvoir, d'adoucir son sort ou simplement d'éviter des désagréments. Le sérail symbolise la cour, lieu fermé, théâtre de toutes les mesquineries et de toutes les manipulations. Toutes les actions sont sous-tendues par des intérêts mesquins, comme punir celui qui l'a irrité : je mène dans le lit de mon maître des femmes irritées elles sont dans le lieu de leurs triomphes ; leurs charmes me deviennent terribles Cela fait penser à la phrase célèbre de La Bruyère L'on se lève et l'on se couche à la cour sur l'intérêt Montesquieu, à travers cette lettre, nous fait penser que la tyrannie engendre la tyrannie et que rien ne peut en sortir de bon. [...]
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