Etude détaillée de la dernière lettre du recueil des Lettres persanes. On y découvre comment Montesquieu à travers le personnage de Roxane montre la révolte d'une femme face à un tyran. Le texte se décompose en deux parties : (I) Le malheur et la grandeur d'une héroïne tragique, puis (II) Une revendication de bonheur et de liberté.
[...] Le polyptote de la phrase Nous étions tous deux heureux : tu me croyais trompée, et je te trompais traduit l'ironie puisqu'il y a un double renversement du bonheur à l'illusion et de l'illusion à la vérité, avec l'emploi de l'imparfait qui marque la durée et la répétition, ce qui rend le propos de Roxane encore plus blessant. Roxane choisit donc de mourir par le poison, telle une héroïne de Tragédie. Ce suicide constitue l'issue fatale pour tout personnage privé de l'objet de son désir. Cette lettre est un jeu d'opposition constant entre l'épistolière et le destinataire, mais c'est surtout un véritable moyen de vengeance pour l'épouse préférée d'Usbek. Due à la plume de la femme adultère et rebelle, l'ultime lettre du recueil n'est autre qu'un chant de mort et de bravade (Jean Goldzink). [...]
[...] En effet, Roxane meurt dans les plaintes et les fureurs de son amour anéanti. Dans son histoire comme dans son langage on retrouve les caractéristiques traditionnelles d'une héroïne de Tragédie ou de roman tragique. On a un début de lettre brutal avec l'expression oui, je t'ai trompée De plus, les verbes qu'elle emploie renvoient tous à une sorte de stratégie victorieuse de la part de Roxane qui fait de Usbek, un époux aussi aveugle que berné : j'ai séduit je me suis jouée et j'ai su On remarque une prédominance de l'emploi du pronom je dans ces trois paragraphes par opposition au tu qui représente Usbek dans la partie centrale de la lettre. [...]
[...] Lettre 161 des Lettres persanes de Montesquieu. Montesquieu, écrivain des Lumières et membre de l'Académie Française en son temps, est l'auteur des Lettres persanes écrites en 1721. C'est un ouvrage dans lequel il fait une critique virulente de la société de son époque à travers les yeux de Persans. Notre extrait est une lettre écrite par Roxane pour Usbek qui se trouve à Paris. Ce texte est une lettre de rupture dans laquelle Roxane fait des révélations et annonce son suicide. [...]
[...] Le paragraphe 3 commence par deux questions rhétoriques qui s'adressent à Usbek, de plus on remarque une abondance de l'emploi du pronom tu qui s'oppose au je comme nous l'avons vu plus haut. On assiste ici à la rébellion de Roxane, en effet elle avoue à Usbek que la servitude qu'il exerçait sur n'était que physique, on le constate avec cette antithèse : J'ai pu vivre dans la servitude mais j'ai toujours été libre Roxane rappelle à Usbek qu'il n'est qu'un tyran sans détour avec les mots caprices fantaisies ou encore pendant que tu te permets tout Son pouvoir domestique, arbitraire et illimité est fondé sur la servitude et la soumission du sérail. [...]
[...] Cette opposition représente une sorte de face à face entre épouse révoltée et despote haï. Toutes les phrases commencent par un je dressé contre un tu On constate également que Roxane se contente de quelques mots, mais combien blessants, humiliants, dans leur formulation hyperbolique, pour l'époux outragé avec des expressions comme le seul homme qui me retenait à la vie ou le plus beau sang du monde expression qui est également une synecdote qui représente le corps ensanglanté. Ce premier paragraphe est une longue phrase qui suit une progression. [...]
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