Synthèse prenant la forme d'un commentaire et s'interrogeant sur les différentes critiques développées dans "Les lettres persanes" de Montesquieu, récit épistolaire publié en 1721.
[...] C'est le profond relativisme d'Usbek, énoncé dès la lettre I Rica et moi-même ( . ) sommes les premiers ( . ) que l'envie de savoir ait fait sortir de leur pays qui lui permet de porter un regard objectif sur ses découvertes. Il rappelle à la lettre LXXXIII que l'équité est une valeur universelle plus importante que la religion, traduisant ainsi la pensée du déiste Montesquieu. Usbek, non content d'avoir quitté la Perse pour des raisons religieuses, ajoute un argument politique dès la lettre VIII avec la critique du despotisme du souverain en place. [...]
[...] Finalement, après ces quelques remarques, on peut énoncer les trois critiques majeures faites à la société que les Persans observent : religion abusive et souvent contradictoire, politique despotique et faux semblants de l'entourage social des deux Persans. Réalisant grâce au mythe du bon sauvage une critique virulente de la société de son temps, son livre fera des émules pour l'habile mélange de philosophie et des anecdotes quotidiennes. Un texte qui est, donc, sans conteste, polémique, malgré sa volonté d'échapper à la censure. [...]
[...] Etablissant les principes politiques à travers l'utopie des Troglodytes (lettre Usbek pense qu'il est nécessaire pour le bon fonctionnement de tous que le roi ne se fasse pas tyran . une critique donc, de la monarchie française. Faisant preuve de pragmatisme et justifiant toujours ses dires, Usbek érige en modèle les républiques occidentales et dénonce le joug de la souveraineté française. Une autre critique, ici plus individuelle, concerne les faux semblants de la société contemporaine. Le statut de Persans des deux héros leur confère un regard juste sur les pratiques du XVIII ème siècle. [...]
[...] On peut donc se demander quelles critiques Montesquieu formule à l'égard de la société. Pour cela, nous étudierons tout d'abord la critique religieuse, sur laquelle s'ouvre le roman avec le pèlerinage à Com ; la critique politique atteignant son point d'orgue à la lettre XXIV et, finalement, la critique d'un microcosme. Montesquieu, comme Voltaire dans L'ingénu, pose un regard critique sur les rites religieux. Les Persans, pour qui les rites religieux sont inconnus font ainsi part à leurs connaissances de leurs découvertes, comme à la lettre XXXXVI où Usbek s'étend sur les interdits et coutumes des différentes religions. [...]
[...] Ceux-ci comparent les habitudes occidentales avec les leurs pour mieux souligner leurs travers. Le questionnement majeur réside dans la place laissée aux femmes dans cette société occidentale. C'est ici qu'intervient toute la correspondance avec le sérail de Fatme. Pesant le pour et le contre, Rica cherche à déterminer leur rôle. Le sérail permet d'ailleurs un habile lien avec le despotisme politique où des femmes sont gouvernées par les eunuques. La catastrophe du sérail avec le suicide final de Roxane établit une analogie avec la situation amoureuse de Louis XVI : politique et relation amoureuse se mélangent sans discernement. [...]
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