-Mander = terme quelque peu précieux, bien significatif de l'époque. Dès le début respect des conventions. Cf. "vous" pour s'adresser à son cousin. Il paraîtrait que Mme de Sévigné savait qu'il y avait des chances que sa lettre soit lue dans les salons. Elle a donc voulu montrer tout son art.
- Elle annonce donc à son cousin qu'elle va lui apprendre quelque chose, c'est l'objet de sa lettre. Elle s'adonne à une qualification de cette nouvelle dans une très longue énumération de plusieurs lignes (...)
[...] Ex l l.26-36 : elle se résout enfin à dire ce nom tant attendu bien qu'en faisant traîner à nouveau le plus possible : il s'agit de Mlle de Montpensier. Ex l.36-fin : elle anticipe sur les réticences de son correspondant à la croire et promet des preuves. Projet de lecture : Nous nous intéresserons à la façon dont Mme de Sévigné joue avec son destinateur, à ses intentions. I-L'annonce des raisons de l'écriture : elle a une nouvelle extraordinaire à lui annoncer -Mander ( terme quelque peu précieux, bien significatif de l'époque. Dès le début respect des conventions. Cf. vous pour s'adresser à son cousin. [...]
[...] -Mme de Sévigné, quant à elle, ose de plus en plus. Elle passe de Madame qui marque un certain respect, à vous êtes bien provençale , expression révélatrice de la morgue habituelle du parisien à l'égard du provençal. Cela nous sert de document sur les relations de l'époque, on peut le voir par l'association entre bien provençale et bien bête -Une sorte d'amusement transparaît : point du tout encore moins vous n'y êtes pas (Mme de Sévigné joue visiblement. III-Mme de Sévigné se résout à dire la chose Il faut donc à la fin vous le dire dans cette phrase le à la fin ne trompe pas. [...]
[...] Eh bien il faut donc vous la dire : M de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui ? je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. Mme de Coulanges dit : " Voilà qui est bien difficile à deviner; c'est Mme de la Vallière. - Point du tout, Madame. C'est donc Mlle de Retz ? Point du tout, vous êtes bien provinciale. - Vraiment nous sommes bien bêtes, dites-vous, c'est Mlle Colbert. - Encore moins. [...]
[...] devinez le nom : il épouse Mademoiselle, ma foi par ma foi ma foi jurée Mademoiselle, la grande Mademoiselle; Mademoiselle, fille de feu Monsieur; Mademoiselle, petite- fille de Henri IV; Mlle d'Eu, Mlle de Dombes, Mlle de Montpensier, Mlle d'Orléans, Mademoiselle, cousine germaine du Roi; Mademoiselle, destinée au trône; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur. " Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors de vous- même, si vous dîtes que nous avons menti, que cela est faux, qu'on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer; si enfin vous nous dites des injures : nous trouverons que vous avez raison; nous en avons fait autant que vous. [...]
[...] Conclusion : Dans cette lettre, Madame de Sévigné : -se montre attachée aux convenances et règles de son époque -prouve son art de manier la langue (le suspense, elle pique la curiosité du lecteur ) -prouve son enracinement dans la préciosité -se montre habituée aux exercices de rhétorique que demandent les salons. Elle se doutait peut-être que sa lettre serait lue dans les salons et les cercles TEXTE A M. DE COULANGES A Paris, ce lundi 15 décembre 1667 Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'aujourd'hui, la plus brillante, ,la plus digne d'envie : enfin une chose dont on ne trouve qu'un exemples dans les siècles passés, encore cet exemple n'est-il pas juste; une chose que l'on ne peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde; une chose qui comble de joie Mme de Rohan et Mme d'Hauterive-; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. [...]
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