Cher ami,
La souffrance des hommes est une affaire dont on a déjà beaucoup parlé. Il serait vain et insensé, ce me semble, de vouloir compter le nombre d'ouvrages, de traités, de suppliques, et autres, qui furent écrites sur le sujet. Mais véritablement, tous ces termes semblent plus vains encore lorsqu'on fait face, réellement, à la plus vive des douleurs (...)
[...] Mais à la vue de ces yeux plein de larmes, de ces lèvres tordues par la souffrance, de ces visages marqués, de ces silhouettes tremblantes, on serait prêt à condamner toute la terre d'avoir permis le malheur de quelques innocents. Si l'on peut reprocher aux Français de se prendre de pitié une fois les malheurs arrivés, je n'en considère pas moins les responsabilités qu'il faut attribuer à tout une mode de société forcément imparfait, et à la nature humaine elle-même. Allons, je ne vous accable pas davantage, mais vous qui êtes à la Chancellerie, ne pourriez-vous pas toucher quelques mots au Ministre sur cette affaire ? Chaleureusement, Votre dévoué H. [...]
[...] Est-ce de savoir treize personnes innocentes étouffer pendant trois ans dans des prisons déjà surchargées, et ce, par décision de ‘Justice' ? Est-ce d'apprendre le suicide d'un innocent poussé aux dernières extrémités par l'implacable machine qui porte le doux nom de ‘Justice' ? Est-ce de savoir des familles déchirées, des enfants enfonçant le glaive de la ‘Justice' dans le cœur de leurs parents ? Je ne sais ce qui peut émouvoir un être jusqu'à l'extrême mais à mon humble avis je dirais que c'est le plaisir d'avoir constaté une nouvelle fois combien cette Institution, qui a sans nul doute plus de sagesse que tous Dalaï-Lama réunis depuis Bouddha, a pu faire triompher une Vérité dont on s'étonne qu'il n'y ait que des repris de justice pour l'approuver. [...]
[...] Je crois que véritablement le genre humain qui se plaît tant à dénoncer les atrocités staliniennes avec une sévère gravité et une compassion démesurée, est ou hypocrite ou très volage. Ayant quitté un quelconque mémorial de la Shoah, comment peut-on s'amuser devant le dernier Terminator d'un Schwarzenegger, quand celui-ci laisse cyniquement les dernières étincelles d'une vie misérable s'éteindre dans les prisons californiennes ? Soit ! Amusez-vous jeunes gens frivoles, pleurez la mort d'une Star adulée pour ignorer le pauvre noir condamné à mort qui n'a pas même eu la compassion de sa mère lorsqu'il est né. [...]
[...] Réécriture de la Lettre au Comte d'Argental de Voltaire en la situant au XXIème siècle A Monsieur N. S. de M. Paris, le 29 Juin 2004 Cher ami, La souffrance des hommes est une affaire dont on a déjà beaucoup parlé. Il serait vain et insensé, ce me semble, de vouloir compter le nombre d'ouvrages, de traités, de suppliques, et autres, qui furent écrites sur le sujet. Mais véritablement, tous ces termes semblent plus vains encore lorsqu'on fait face, réellement, à la plus vive des douleurs. [...]
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