Commentaire composé d'un extrait de Manon Lescaut : La délibération de Des Grieux.
[...] Quel personnage, que d'aller exposer sa misère à un étranger et de le prier de nous faire part de son bien ! Il n'y a qu'une âme lâche qui en soit capable, par une bassesse qui l'empêche d'en sentir l'indignité, ou un chrétien humble, par un excès de générosité qui le rend supérieur à cette honte. Je n'étais ni un homme lâche, ni un bon chrétien ; j'aurais donné la moitié de mon sang pour éviter cette humiliation. Tiberge, disais-je, le bon Tiberge, me refusera-t-il ce qu'il aura le pouvoir de me donner ? [...]
[...] Dans ce texte, le héros sorti de Saint- Lazare, réfléchit aux moyens de se procurer de l'argent. Deux possibilités s'offrent à lui, qu'il refuse au nom de l'honneur. Mais l'évocation de M suffit à lui faire oublier ce sentiment, désormais sacrifié à l'amour. Lorsqu'il rapporte sa réflexion à Renoncour, le chevalier chercher à se persuader qu'il n'était plus maître de lui-même. Nous verrons donc comment ce monologue délibératif, qui oppose l'amour à l'honneur lui permet d'utiliser ses talents rhétoriques pour se présenter comme une victime du sentiment (III) I Un monologue délibératif Des Grieux face à lui-même Durant tout l'extrait, le Duc de Nemours se retrouve confronté à une véritable face à face avec son subconscient. [...]
[...] Parmi ceux-ci nous pouvons retenir la comparaison avec gradation Elle me tient de gloire, de bonheur et de fortune qui manifeste l'importance de l'héroïne dans la vie du chevalier. Retenons aussi le parallélisme final mais estimer une chose plus que ma vie n'est pas une raison pour l'estimer autant que Manon qui joue un rôle décisif dans le choix du héros : il s'agit en effet d'un argument après analogie, qui compare d'abord l'honneur à la vie, pour comparer ensuite l'honneur à Manon. [...]
[...] Deux ans plus tard à Calais, le narrateur retrouve par hasard le jeune DG qui revient de Louisiane ou Manon est morte dans des conditions dramatiques. Le jeune homme, encore sous le coup de son chagrin, raconte alors son histoire à Renoncour et devint le second narrateur du roman dans un récit enchâssé qui constitue la quasi-totalité de l'œuvre. Le chevalier raconte comment sa passion pour une roturière va précipiter sa déchéance : le jeune DG promis à une carrière ecclésiastique v voler, mentir, tricher, tuer pour celle qu'il aime. [...]
[...] Nous avons à faire à un faux dialogue où le personnage se pose à lui-même de nombreuses questions. Nous le remarquons par l'utilisation répétée de la modalité interrogative qui souligne l'appartenance du texte au monologue puisque parfois le héros réponds lui-même aux questions qu'il se pose Tiberge, disais-je, le bon Tiberge me refusera-t-il ce qu'il aura le pouvoir de me donner ? Non, il sera toujours de ma misère ; mais il m'assassinera par sa morale ceci marque donc un dédoublement du personnage propre au monologue tragique. [...]
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