On trouve également la présence d'une véritable pièce de théâtre, pensée par Fabrice, le fidèle ami de Gil. Il va inventer une mascarade pour récupérer la bague volée à Gil, prenant le rôle d'un "alguazil de nouvelle fabrique", et enrôlant quelques un de ses amis, cinq exactement, pour qu'ils jouent des archers, rendant ainsi la pièce plus plausible (...)
[...] Fabrice change également de voix, qu'il grossit, pour mieux coller avec le personnage qu'il interprète, et faire peur à Isabelle. Dans les deux cas, le jeu se fait au détriment du public. Les comédiens sont là pour divertir l'auditoire, qui connaît le statut pragmatique du jeu, la théâtralité est affichée. Mais ici ce sont des dupeurs qui exercent un jeu aux dépens du public. C'est par ce jeu de comédien que Gil va se venger d'Isabelle. Tout d'abord en se faisant passer pour médecin, il peut infliger à une Isabelle déjà malade une saignée. [...]
[...] Il joue le rôle de son maître en suivant ses préceptes, c'est-à-dire saignées et eaux chaudes pour vaincre tous les maux, tel le pantagruélion de Rabelais. Pour ce faire, il a revêtu un costume, un "habit de médecin", et mime les gestes de celui-ci : "je lui pris le bras pour lui tâter le pouls", "copiant [son] maître" en parlant "gravement". Lesage fait ici de son personnage un acteur, un comédien. On trouve également la présence d'une véritable pièce de théâtre, pensée par Fabrice, le fidèle ami de Gil. [...]
[...] Bien que l'humour noir crée une distance, le texte nous représente quand même un personnage sanguinaire, Sangrado, un monstre assoiffé de sang. On quitte le registre du comique pour entrer dans la tératologie, l'étude des monstres. C'est une satire des médecins de l'époque, car on a retrouvé des modèles réels à Sangrado à l'époque de la vie de Lesage. C'est donc un passage assez comique que nous présente Lesage, avec un retournement de situation, mais, sous-jacent, apparaissent des thèmes plus graves, des critiques acerbes de la justice et de la médecine. [...]
[...] Ils apparaissent facile à imiter, puisqu'il s'agit de prendre leurs habits et leurs accessoires, qu'il semblent facile de se procurer, et leur gestuelle pour les contrefaire. Lesage joue d'ironie en faisant appeler par la synecdoque Mr l'alguazil Fabrice, ce qu'il fait par la bouche de Gil Blas. Cette figure de style se poursuit d'ailleurs après la scène jouée, dans le cabaret. La comédie interprétée par Gil, Fabrice et ses amis tendrait à nous faire croire que les lévriers de justice sont facilement influençables, et qu'on peut payer sa liberté, mais ceci est annihilé car les vrais agents de justice ne se laissent pas stipendier. [...]
[...] L'auteur nous montre un monde où tout n'est qu'apparences, le theatrum mundi. Il serait également intéressant de voir si Lesage mêle le roman dans son œuvre théâtrale Turcaret. [...]
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