Commentaire de texte du début de la lettre 125 du roman Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos. Y est analysé le personnage libertin Monsieur de Valmont.
[...] Pourtant la lettre de Valmont laisse entrevoir la figure d'un libertin amoureux. Le texte met en scène un Vicomte emprunt de doutes et d'hésitations. Il réalise l'existence de sentiments nouveaux qui se développent chez lui, sentiments qu'il qualifie de charme inconnu Ainsi, tout le début du texte se résume comme une tentative de définir cette nouvelle sensation. Les nombreuses questions et les interrogations indirectes du deuxième paragraphe renforcent l'image d'un Valmont qui doute : serai-je don, à mon age, maîtrisé comme n écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? [...]
[...] Le triomphe de Valmont semble ne pas être si complet que prévu. La phrase je sus trop plein de mon bonheur pour pouvoir l'apprécier montre certes la joie de Valmont mais met surtout l'accent sur l'incapacité à savourer pleinement cette victoire. De même, le passage je me plais au moins dans cette idée et je voudrais qu'elle fut vraie montre l'hésitation de Valmont renforcée par l'utilisation du conditionnel pour le verbe vouloir Le lecteur a alors l'impression d'une victoire nuancée qui a plongé Valmont dans le doute plus qu'elle ne l'a comblé. [...]
[...] La lettre 125 expose la chute d'une nouvelle victime des roués : la Présidente de Tourvel qui a succombé aux charmes de Valmont. Dans sa lettre précédente à la Marquise, le Vicomte lui présentait l'avancée de la conquête de Tourvel. Il lui réécrit ici pour lui narrer la chute de la Présidente. En quoi cette lettre présente, de ce fait, une conquête libertine ambiguë ? La missive montre tout d'abord le triomphe du vice mais celui-ci laisse place à l'oxymore du libertin amoureux. [...]
[...] Si Valmont choisit ici de combattre son cœur par sa raison, la fin du roman présente, comme c'est le cas dans de nombreux romans libertins, le héros qui, juste avant de mourir, donne finalement la préférence à l'amour et regrette ses choix passés. [...]
[...] Les doutes et les hésitations de Valmont annoncent la chute du système de valeurs des libertins mis en place dans le roman. En effet, ce qui devait être le plus grand triomphe de Valmont est en fait le début de sa chute. La conquête de la Présidente va mettre un terme à la complicité entre les libertins comme le prouve la réponse de la Marquise à la lettre étudiée : adieu comme autrefois, dites vous ? Mais autrefois ce me semble, vous faisiez un peu plus cas de moi Valmont lui-même est réaliste quant à l'impossibilité de rester un libertin s'il est amoureux : je chéris cette façon de voir qui me sauve l'humiliation de penser que je puis dépendre en quelques manières de l'esclave même que je me serais asservie Le Vicomte oscille alors entre triomphe et amour et, de ce point de vue, cette lettre annonce la fin du roman. [...]
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