Dans un de ses sonnets les plus célèbres, intitulé Les conquérants, le poète Heredia nous montre ses ancêtres partant à l'aventure vers des terres lointaines et inconnues. C'est par un tableau riche en images, haut en couleur, mais aussi grâce à une maîtrise parfaite du rythme et des sonorités que le poète évoque le temps des premiers navigateurs espagnols.
Par cette oeuvre, Heredia a voulu évoquer l'esprit aventureux de ces personnages de légende tout en nous plongeant dans une atmosphère pleine de poésie et de mystère (...)
[...] II) Mystère et poésie 1-Légendes Quelques récits ou légendes étaient parvenues jusqu'à ces hommes, souvent crédules et superstitieuses. Et ils arrivaient à admettre des phénomènes miraculeux comme celui qui figure aux vers 5 et 6 : fabuleux métal que Cipango mûrit dans ss mines En effet peut être influencés par les alchimistes, ils pensaient que sous les climats favorables, certains métaux enfouis dans des sols propices pouvaient se transformer en or. Ici l'atmosphère de légende est soulignée par l'adjectif fabuleux par la consonance exotique du pays Cipango (désigne le Japon) et surtout par le verbe mûrit qui évoque une lente mais sûre métamorphose. [...]
[...] Mais l'adjectif hautaines qui le qualifia laisse supposer l'origine noble de beaucoup de ces aventuriers. L'expression fatigués de porter suggère l'idée de fardeau et indique clairement qu'ils supportaient mal leurs conditions ; ils étaient donc prêts à tout pour redorer leur blason. La preuve en est qu'ils n'hésitaient pas à s'entourer d'hommes peu recommandables ce qui est signalé par le mot routiers (vers désignant des soldats pillards et sans scrupule. Bien entendu il y a avait aussi des marins sachant naviguer et commander comme en témoigne le vers 3 capitaines 2-Comportement et caractère Dés le 1e vers, une image audacieuse et puissante nous présente les conquérants comme des oiseaux de proies gerfauts avides et sans pitié. [...]
[...] L'idée de merveilleux est sensible à travers le verbe enchantait et le nom mirage Dans ce sonnet, Heredia a su réunir admirablement le souffle épique de ces expéditions et leur caractère merveilleux. D'une part ces personnages ressemblent à des héros de légende, tout en gardant un aspect profondément humain. D'autre part, l'action et le rêve sont intimement liés et ont des répercussions réciproques. Plus que la description pure, c'est le pouvoir de suggestion, une sorte de magie du style qui recrée le climat d'une époque lointaine et nous la rende étonnamment présente. [...]
[...] Ces navires seront nommés de façon précise au vers 12 blanches caravelles La couleur blanche mise en évidence par l'antéposition de l'adjectif, est un symbole de pureté ; elle se détache nettement dans le crépuscule et l'allitération en donne une impression de fluidité dans le déplacement de ces navires. Les personnages eux-mêmes ont, dès le 1e tercet, des attitudes plus pacifiques, ils ne sont pas insensibles à la beauté de la nature et contemplent aussi bien la mer que le ciel et les astres. Il faut noter dans ces vers où les conquérants ont un caractère plus humain, l'emploi judicieux d'assonances et d'allitérations plus douces. [...]
[...] Par cette œuvre, Heredia a voulu évoquer l'esprit aventureux de ces personnages de légende tout en nous plongeant dans une atmosphère pleine de poésie et de mystère. L'esprit aventureux 1-Origines de ces navigateurs (géographiques- sociales) Qui étaient ces gens assez téméraires ? Le poète fait une allusion précise à leurs racines géographiques en indiquant au 3e vers leur port d'embarquement : Palos de Moguer situé sur la côte atlantique du sud de l'Espagne. L'extrême pauvreté qui régnait dans ces régions explique l'emploi du mot misère au vers 2. [...]
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