Lors d'une interview, Claude Lévi-Strauss disait que Jean de Léry était capable "de nous rendre vivants des êtres et perceptibles des choses qui sont à des milliers de kilomètres". En effet, dans son récit Histoire d'un voyage faict en la terre de Brésil, Jean de Léry apporte à son lecteur précisions et détails, choses qui permettent de mieux saisir chaque instant retranscrit, que ce soit au niveau des sensations, des rapports humains et même de l'ambiance que dégage cette nouvelle terre. Il relate dans son livre son aventure au Brésil, de l'invitation au voyage du retour, décrivant au passage la traversée jusqu'au Fort Coligny, l'arrivée dans ce nouveau monde avec ses habitants vivant autrement que les européens, la faune et la flore du pays... Léry tient un vrai journal de bord qu'il livre aux lecteurs de son époque comme pour leur montrer que le mode de vie européen n'est sûrement pas le seul "modèle viable", qu'il n'y a aucune raison de se sentir supérieur de quelque manière que ce soit (...)
[...] 313). Léry sait que la discussion avec le vieillard tient plutôt d'une leçon de vie que d'une simple conversation. Si l'humanisme loue la sagesse de l'antiquité, les indiens sont également détenteurs d'une certaine éthique de vie qui n'a rien à envier à certaines philosophies grecques (si on exclut bien entendu l'anthropophagie Ainsi, si l'Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil est souvent classée dans le genre des romans d'aventure, l'extrait ici étudié se rapproche peut-être plus de l'apologue. [...]
[...] C'est-à-dire que le stock de nourriture et de boisson est commun et que chacun se sert selon ses envies. On est loin des stocks personnels du vieux continent et même des marchands de nourriture. Si en Europe quelqu'un sans le sou peut mourir de faim, au Brésil chaque membre de la tribu mange comme il l'entend et chacun participe aux tâches (les femmes s'occupent par exemple de la nourriture et de l'alcool). De plus, les sauvages n'ont pas de monnaie : ils troquent. [...]
[...] C'est sans doute pour cela que le marchand étonne le vieillard : à quoi servirait autant d'objets à un seul homme ? Puisque si l'on suit la logique commerciale indienne, chaque objet serait échangé contre un autre, mais un homme a-t-il nécessairement besoin de tout cela ? Car même si la Renaissance est une période de luxe, de faste et de croissance économique, où la demande en produits exotiques (comme la teinture) ne faiblit pas, cela interpelle l'indien : Voire, mais vous en faut-il tant ? [...]
[...] Dans ce passage, Léry aborde la mentalité des indiens. En effet, cet extrait présente un échange sur le commerce européen : des navires sont envoyés jusqu'au Brésil pour récupérer un certain bois, duquel ils tirent des teintures. Cette discussion permet à Léry de montrer aux européens que les indiens sont également capables de réfléchir. Mais comment s'y prend-il pour mettre en valeur la réflexion du vieillard brésilien ? Il commence tout d'abord par présenter la philosophie des indiens vis-à-vis de la possession. [...]
[...] Le discours direct donne plus de poids au récit et à la véracité du livre. Mais si l'on constate une intention de livrer un témoignage véritable, cela n'empêche pas Léry de se jouer également de son lecteur. En effet, vers la fin du passage, il reprend un point de vue européen pour évoquer les sauvages, sans doute pour rappeler aux européens leur position première (qui a peut-être changé à la lecture du livre) : Voilà sommairement et au vray le discours que j'ay ouy de la propre bouche d'un pauvre sauvage Ameriquain (p. [...]
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