Questions corrigées sur un extrait de "L'âge d'homme" de Michel Leiris (Collège)

Résumé du document

Quels sont les mots, les expressions et phrases qui traduisent les difficultés que rencontre l'autobiographe, confronté à la recherche du souvenir ?

Comme tous les autobiographes, Michel Leiris est confronté aux difficultés de l'entreprise autobiographique.
Rappelons brièvement qu'elles sont de différents types : certains comme Primo Lévi auront du mal à se pencher à nouveau sur un moment traumatisant de leur existence, en l'occurrence l'internement dans un camp d'extermination pendant la Seconde Guerre Mondiale (comment dès lors écrire sa propre histoire et surmonter l'idée d'avoir survécu alors que d'autre sont morts ? Comment faire le récit d'une aventure humaine alors qu'on les parquait comme des bêtes et les exterminait massivement ?) mais trouverons dans une écriture scientifique le ton juste (...)

Extraits

[...] Pour répondre, appuyez-vous sur l'ensemble du texte et plus particulièrement sur les lignes 38 à 45 : quelles ont été les conséquences de cet épisode dans la vie du narrateur ? Quelle est la fonction pour lui de l'écriture autobiographique ? L'écriture autobiographique relève d'un besoin personnel et il est donc difficile de la cantonner à un rôle prédéfini mais Michel Leiris nous montre à travers ce court extrait la nécessité d'éclairer son présent à la lumière de son passé. C'est grâce à l'anecdote de l'opération sauvage qu'il peut expliquer l'homme qu'il est devenu. [...]

[...] Le champ lexical de la sauvagerie marque tout l'extrait. Ainsi, on peut relever je fus victime d'une agression je subis dans la gorge brutale tour sinistre abominable ogre tranchants effrayé attaque soudaine douleur cri de bête qu'on éventre choc violent sang pénible mal atroce sauvage agression chair à médecins abattoir On remarque donc le statut de victime de l'enfant, par les tournures passives, sur qui l'opération tombe littéralement dessus mais on peut aussi remarquer que dans le dernier paragraphe, le champ lexical reste le même, l'auteur ne faisant donc pas la scission entre l'événement de son enfance et sa vie d'adulte, puisqu'il reste atroce, même pour lui, une fois adulte. [...]

[...] Profondément pessimiste, cet extrait ne servait donc pas à exorciser l'événement mais plutôt à justifier pragmatiquement sa vision actuelle de la vie où les adultes ont recours quotidiennement à la tromperie. Les tournures passives de ce paragraphe montrent bien la fatalité implacable qui s'appuie sur Leiris, et tous les hommes, mais alors qu'il condamne ses semblabes, ne cherche-t-il pas aussi à s'élever contre une vie dont, après tout, le rythme est déjà écrit, sans que l'on puisse rien y faire pour s'y opposer ? [...]

[...] Le silence de la ligne 23 fait d'ailleurs écho au mensonge de la ligne montrant que la communication au sein de cette famille est brisée. On peut aussi remarquer que les adultes sont dépassés par les événements et ne réalisent même pas la gravité de ce qu'ils viennent de faire : ma mère ( . ) fut effarée ma mère, complètement désorientée vaines tentatives de mes parents Ensuite, on trouve un champ lexical teinté d'imaginaire et montrant ce qu'une telle opération peut générer chez un enfant impressionnable : victime d'une agression grande barbe noire et blouse blanche ogre tranchants effrayé attaque cri de bête Ainsi, Michel Leiris reproche aux adultes présents lors de cette opération de lui avoir menti, sans même réaliser la gravité de l'événement et de ne l'avoir même pas anesthésié pour l'opération, pensant sans doute qu'un enfant ne ressentirait pas la douleur et faisant ainsi de cette opération, assez simple, une démonstration de sauvagerie sans pareille. [...]

[...] Questions sur un extrait de Michel Leiris, Gorge coupée tiré de L'âge d'homme Première lecture Rédigez librement quelques lignes après la lecture de ce texte. Le récit a-t-il fait surgir des souvenirs personnels ? Ce texte revient sur un souvenir d'enfance marquant pour le narrateur : l'ablation de ses végétations et dont il se souvient tout particulièrement car il explique ce qu'il est aujourd'hui devenu. Il peut nous sembler anecdotique, puisque notre vie n'est après tout qu'une suite d'épisodes plus ou moins importants pour notre construction, certain devenant marquants sans même que nous le réalisions, mais celui-ci est mémorable car marqué par une grande violence. [...]