Patrick Süskind publie, en 1985 à Zurich, un premier roman sous le titre Das Parfum, Die Geschichte eines Mörders, traduit en français par Le Parfum. Ce roman d'aventures est aussi un conte philosophique où priment les sensations olfactives. Le roman s'achève sur une scène spirituelle où, arrivé au terme de son périple, le héros est parvenu à créer un parfum puissant qui infuse l'amour jusqu'à la dévoration. En quoi cet extrait répond-il aux attentes d'un excipit romanesque ? Dans une lecture méthodique nous examinerons les rappels et les effets d'écho qui récapitulent ce que le lecteur sait déjà ; nous étudierons également la fonction symbolique de la conclusion (...)
[...] Le sang du Christ se devine à travers le carnage qui est fait par la métaphore des hyènes mammifères carnassiers qui se nourrissent des restes d'animaux. C'est une attaque sauvage soulignée par le verbe assaillir à coups de griffes et de dents plantées dans la chair, lui arrachant vêtements cheveux et finalement la peau Cette horde = troupe nombreuse a pu dévorer Grenouille en à peine une demi-heure et ce jusqu'à la dernière fibre Grenouille, tel le parfum, s'est évanoui. [...]
[...] L'apparition de Grenouille est perçue par les miséreux comme surnaturelle Le rythme ternaire insiste sur cette impression : esprit, ange, être surnaturel = substance incorporelle, de nature purement spirituelle, qui vient de Dieu. De plus, Grenouille est décrit comme un petit homme, dans son habit bleu = le bleu, adjectif mélioratif symbolise la pureté et la spiritualité. D'ailleurs, l'apparition est merveilleuse = miraculeuse et le feu radieux = rayonnant atmosphère de spiritualité. De même l'adjectif petit évoque l'humilité de celui qui peut s'approcher sans être inquiété et auquel on ne fit d'abord pas du tout attention. [...]
[...] Patrick Süskind, Le Parfum Extrait de la quatrième partie : chapitre 51 retour à Paris et mort de Grenouille. Il traversa la Loire à Sully. Un jour après, il avait dans les narines l'odeur de Paris: Le 25 juin 1767, il entra dans la ville par la rue Saint- Jacques, le matin à six heures. La journée devint vite chaude; la plus chaude qu'on avait connue jusque-là cette année. Les milliers d'odeurs et de puanteurs suintaient comme de mille poches de pus crevées: Il n'y avait pas un souffle de vent: Les légumes à l'étal devenaient tout flasques avant même qu'if fût midi. [...]
[...] La répétition issue du parallélisme de construction, à laquelle s'ajoute la double négation : nul homme au monde met en évidence le fait que pas un homme n'aurait pu résister. Le verbe entrainer confirme cela. Tous sont entrainés dans la direction du petit homme dans sa direction à lui à cela s'ajoute la récurrence du pronom personnel lui et les prépositions indiquant la direction : vers, à D'ailleurs le verbe miner insiste encore sur l'affaiblissement de la volonté humaine et la conjonction puisque marque une relation de cause dont la raison est évidente. Il est donc clair que la puissance de l'odeur assujettit la volonté personnelle. [...]
[...] Quand, ayant fini de prendre leur repas, les cannibales se retrouvèrent autour du feu, personne ne prononça un mot. L'un ou l'autre éructait un peu, recrachait un petit bout d'os, faisait discrètement claquer sa langue, poussait d'un petit coup de pied dans les flammes un minuscule lambeau qui restait de l'habit bleu. Ils étaient tous un peu gênés et n'osaient pas se regarder. Un meurtre ou quelque crime ignoble, ils en avaient tous au moins déjà un sur la conscience, hommes et femmes. [...]
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